jeudi 15 octobre 2009

Update

Bonjour à tous,

Une nouvelle update pour de nouveaux changements: j'ai décidé d'avoir les yeux plus gros que le ventre et de tenter de tenir un blog de chroniques quotidiennes. "Daily music reviews" sera, je l'espère et dans la mesure du possible, mis à jour tous les jours ou presque. Je n'écrirai dorénavant plus ici. Pour plus d'informations quant au nouveau blog, vous pouvez vous y rendre dès maintenant à l'adresse suivante:

www.dailymusicreviews.blogspot.com

Message de bienvenue/d'explication: http://dailymusicreviews.blogspot.com/2009/10/update.html

J'espère que vous continuerez à suivre mes chroniques malgré le changement de concept (et de langue). Merci à tous.

Romain

lundi 5 octobre 2009

Sherwood - QU


Sherwood est incontestablement un des groupes les plus sous-estimés de la scène indie-rock US. Assez peu connus du grand public, les critiques sont pourtant flatteuses quand à la qualité de leur discographie. Celle-ci se voit aujourd'hui élargie par l'arrivée de 'QU', leur troisième album.

'QU' est tout simplement la pièce manquante entre le premier et le deuxième album de Sherwood. Cette collection de douze nouveaux morceaux possède la délicatesse de 'Sing, but keep going' combinée avec l'entrain de 'A different light'. Si l'ensemble des titres sont résolument pop-rock et upbeat, ils ne possèdent pas la touche sophistiquée des dernières compositions du groupe mais au contraire retrouvent la simplicité des toutes premières. Le style est peut-être moins indie qu'à leurs débuts mais de nombreux éléments ne sont pas sans rappeler l'atmosphère de 'Sing, but keep going': la guitare acoustique a la part belle ('Hit the bottom', 'Worn'), les chœurs sont judicieusement placés ('Make it through', 'Free') et les touches instrumentales du claviériste et percussioniste Mike Leibovich sont toujours aussi délicates et savoureuses ('Not gonna love', 'Around you'). Tandis que les titres les plus upbeat comme 'What are you waiting for?' auraient facilement eu leur place sur 'A different light', d'autres tel 'Maybe this time' semblent tout droit sortis des sessions studio du premier album. C'est ce mélange efficace entre une pop enjouée aux rythmes presque dansants (le batteur Joe Greenetz fait des étincelles sur 'Not gonna love') et des ballades touchantes et aux accompagnements instrumentaux brillants (la superbe 'Ground beneath my feet') qui continue de faire tout le talent de Sherwood. N'oublions pas non plus le délicieux côté rétro de certaines de leurs compositions ('Free'), qui n'est pas sans rappeler que la plus grande influence du groupe est sans aucun doute The Beach Boys. Côté rétro que l'on retrouve sur la pochette plus qu'originale de l'album.

'QU' est de ce genre de «feel good» albums qui embrassera tout aussi bien vos moments de nostalgie que vos journées d'été. Ses chansons respirent la fraîcheur, de son intro a capella à sa douce ballade finale. Sherwood continuent de briller dans un paysage musical où toutes les étoiles semblent aujourd'hui se ressembler.

Recommandé si vous aimez:
Mae, Daphne Loves Derby, Relient K
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www.myspace.com/sherwood
(MySpace Records, 2009)

dimanche 4 octobre 2009

Paramore - brand new eyes


Attendu comme le Messie, le troisième album de Paramore est enfin là pour rassasier la très large fanbase du groupe (d'autant plus grande depuis le succès de 'Twilight') et la plupart ne devraient pas être déçus.

Pourtant, il serait faux de dire que le groupe de Franklin, Tennessee, a choisi la facilité. En s'écartant un peu du virage plutôt pop entrepris avec leur album précédent, Paramore, autrefois quatuor et aujourd'hui quintet avec l'addition du second guitariste Taylor York, semble rebrousser chemin vers le son plus rock de leur premier opus. 'Careful', parfait en ouverture du disque, est juste excellent dans son style accrocheur mais sombre à la 'Emergency'. De même, 'Turn it off' et 'Feeling sorry' possèdent des atmosphères plus proches de celles présentes sur 'All we know is falling'. Ceci n'est pas pour autant un retour en arrière, le groupe s'étant amélioré sur tous les plans. Paramore tient tellement sur les épaules de sa charismatique chanteuse Hayley Williams qu'on en oublie trop souvent que les musiciens derrière elle sont bien loin d'être mauvais. Josh est parvenu à se forger une écriture bien à lui, assez reconnaissable bien qu'en rien innovante. La progression est d'autant plus importante que les membres du groupe restent encore aujourd'hui assez jeunes (moins de 21 ans d'âge moyen). Les mélodies sont plus subtiles, moins rentre-dedans, les accords sont soignés et la partie rythmique est dix fois au-dessus de ce qu'ils ont fait par le passé. Mais la progression la plus flagrante est pourtant celle d'Hayley. Son registre s'est fortement élargi et ses variations sont surprenantes. Claque vocale assurée sur 'Brick by boring brick', pour sûr un des meilleurs morceaux écrits par le groupe. Il était difficile de l'imaginer être encore davantage mise en avant mais c'est pourtant bien le cas, malgré la bonne surprise que constitue les interventions vocales plus poussées de Josh. Autre bon moment du disque, 'Looking up' est un titre 100% pop-punk et le riff de 'Feeling sorry' vous remémorera vos écoutes de The Starting Line.
'brand new eyes' (à typographier sans la majuscule, dixit Hayley) ne serait cependant pas un album de Paramore s'il n'avait pas ses deux ou trois gros défauts. Là où le groupe continue de fortement pêcher malgré, là aussi, une visible amélioration, c'est au niveau des lyrics. Aussi jolies que soit mademoiselle Williams et ses cordes vocales, son écriture reste ultra-classique. Parfois maladroites, quelques fois naïves, souvent sans surprises, ses paroles oscillent pourtant entre des thèmes assez différents sur cet album, notamment celui de la séparation du groupe qui a failli arriver en février 2008. Hayley dévoile sans concession et avec une franchise parfois déconcertante les reproches faits à ses collègues masculins ('Ignorance', 'Looking up'). Mais les titres à l'eau de rose sont trop souvent à la limite du cliché ('The only exception') et les autres vides de vrai message ('Where the lines overlap'). Musicalement, les ballades constituent les moins bons titres. 'The only exception' vous donnera l'impression de l'avoir déjà entendue une centaine de fois et 'All I wanted was you' s'engouffre dans une voie plus "generic rock" (qu'on avait déjà pu entrevoir sur 'Decode', ce qui peut laissait croire que c'est dû à la production de Rob Cavallo) qui semble aller chercher sur les terres d'Avril Lavigne. Les comparaisons qui pleuvaient quand le groupe ont commencé avaient beau être totalement erronées, sur le refrain de ce titre, la ressemblance est bien là. Mid-tempo, refrain à une ligne, la chanson est juste au-dessus de la moyenne de ce qui passe sur les radios rock américaines. La grosse différence est que Williams a un bon groupe derrière et qu'elle monte beaucoup plus haut que Lavigne. Reste à voir si elle sera capable de tenir les notes en live, vu que la miss s'est déjà cassé la voix au premier concert de la tournée. La laryngite n'aidant pas, évidemment.

'brand new eyes' est, à l'image de ses prédécesseurs, irrégulier et imparfait. Les titres les plus rapides sont des tubes, mais les passages plus calmes, trop génériques, peinent à émouvoir et certaines ballades sont à la limite de la b-side. Si Hayley Williams n'assurait pas le chant sur ces titres, il y a fort à parier qu'ils passeraient inaperçus. Mignons, mais loin d'être mémorables. Paramore nous a livré trois bons albums, il leur reste à nous un livrer un grand album. Le potentiel est pourtant là, sans aucun doute. La route est encore longue, mais comme le dit si bien leur incontournable chanteuse dans 'Looking up', «we're just getting started!».

Recommandé si vous aimez:
Jimmy Eat World, Anberlin, Taking Back Sunday
Essayez aussi:
Automatic Loveletter, BannerHill, Like A Movie

www.myspace.com/paramore
(Fueled By Ramen, 2009)

Update

Les vacances estivales terminées, je me remets peu à peu à faire des chroniques. Merci d'avoir été patients même si votre impatience faisait plaisir à voir.
Changement de ligne rédactionnelle, je vais essayer de faire des reviews plus courtes pour ainsi pouvoir en faire davantage, ce qui me donnera plus souvent l'occasion de chroniquer des disques peu médiatisés ou dont peu de gens ont déjà fait la critique. Si en plus de vous faire lire mon avis personnel je peux faire découvrir quelques groupes à certains d'entre vous (chose que j'essaye déjà de faire depuis le début avec les "Essayez aussi"), vous m'en verrez comblé.

Merci de votre lecture et à bientôt,
Romain.

mardi 2 juin 2009

Enter Shikari - Common dreads


Passez-vous la dernière chanson de 'Take to the skies', premier album d'Enter Shikari, puis lancez la première de celui-ci. Il commence exactement là où son prédécesseur s'est arrêté. Pourtant, les deux sont bien différents et les quatre Anglais de St. Albans ont énormément évolué. Ce n'est pas étonnant lorsque l'on sait que les chansons ayant fait le succès du groupe ont été écrites il y a déjà de ça plusieurs années. 'Sorry, you're not a winner', par exemple, leur tube par excellence, date à l'origine de 2003. Cela fait bien longtemps que le quatuor du Hertfordshire sillonne les routes sans discontinuer et il n'est pas né avec 'Take to the skies'. Preuve en est qu'Enter Shikari fut en 2006 le second groupe de toute l'histoire à remplir l'Astoria de Londres sans même être signés sur un label, avant même de sortir un album (est-il encore utile de signaler qu'il est indispensable de les voir en live?).

C'est donc avec impatience que leur large fanbase a attendu ce 'Common dreads' qui allait les fixer sur l'avenir de leur groupe fétiche. Et celui-ci risque d'être prometteur. Pourtant, Enter Shikari n'a pas choisi la facilité. 'Common dreads' vous surprendra, comme 'Take to the skies' avait surpris à sa sortie. Et peut-être même davantage. Avec leur second album, eux qui étaient déjà à l'écart de la scène alternative rock britannique, préférant jouer des sets en tant que DJ's dans des petits clubs et amener les groupes de leurs potes en tournée plutôt que de remplir des stades en ouvrant pour Lostprophets ou Funeral For A Friend, s'éloignent un peu plus encore des étiquettes et modes actuelles. Ces sessions de mix ont justement eu un énorme impact sur le travail du groupe. Si on connaissait leur fort penchant pour la trance, les éléments électro restaient jusqu'ici au second plan dans les compositions, donnant parfois du rythme, parfois une intro et sonnant parfois trop «Nintendo», ce qui n'est plus du tout le cas (à l'exception de quelques notes sur 'The hectic'). Ils sont aujourd'hui totalement intégrés au son de Shikari, construisant les mélodies par eux-mêmes, devenant la pièce maîtresse de l'ambitieux jeu du quatuor. Les interludes sont beaucoup plus consistants et intéressants, à la limite de la chanson à part entière. Le clavier prend des dimensions nouvelles et bien plus originales que par le passé, souvent joué tout seul, créant tantôt de véritables hymnes drum 'n' bass pour le dancefloor ('Zzzonked', 'The jester'), tantôt des breaks dubstep ('Havoc A', 'Havoc B') et même des beats dance pour les clubs ('Gap in the fence'). La fine équipe brouille toujours plus les pistes. On passe même par une intro jazzy à la flûte sur 'The jester' et des instrumentations de cuivres et de cordes sur 'Fanfare for the conscious man'. On retrouve cependant quelques éléments qui ont fait le succès de 'Take to the skies', avec des titres mêlant clavier entêtant, riffs à la limite du metal et courts gang vocals comme 'No sssweat'. Ils ont ici pour titre 'Step up' ou 'Antwerpen'. Mais le titre le plus fort est peut-être 'Solidarity', qui joue son rôle d'ouvreur à la perfection, son synthé psychédélique vite rejoint par une batterie lourde et de puissantes guitares faisant de lui une turie instantanée. Shikari laissent également et plus que jamais admirer leur talent pour la mélodie, le single 'Juggernauts' est lui aussi un tube et 'No sleep tonight', le titre le plus pop et léger du disque, rassemblera sans aucun doute les foules.
Mais que serait Enter Shikari sans les mémorables performances vocales de son frontman Roughton Reynolds? Bien qu'on se réjouit des interventions plus fréquentes du guitariste Liam Clewlow (dit Rory) et surtout du bassiste Chris Batten, la voix de Rou porte littéralement la formation. Il oscille avec toujours autant de facilité entre de multiples types de chants, atteint désormais avec une justesse parfaite des notes assez hautes, mais ne crie plus au sens «screamo» du terme, préférant scander ou hurler ses lignes les plus incontournables. A l'inverse, il a ajouté une nouvelle corde (vocale) à son arc, le spoken word en l'occurrence. Vous ne pourrez pas ne pas penser à The Streets en écoutant son délicieux accent anglais sur les passages parlés. Ces derniers donnent plus de texture à ses textes qui méritent bien cette mise en avant. En effet et peut-être à la surprise de beaucoup, 'Common dreads' est un album politisé de bout en bout. Enter Shikari a pourtant toujours été un groupe engagé, que ce soit dans ses lyrics (un des morceaux du premier album traitait par exemple du commerce équitable) ou dans sa fidélité à l'éthique Do It Yourself. C'est aujourd'hui une évidence à la lecture des paroles des chansons qui composent ce disque. A l'instar des Gallows et leur 'Grey Britain', Rou et sa bande produisent avec 'Common dreads' une virulente déclaration à leur pays et aux grands de ce monde, utilisant même à leur tour la métaphore du serpent sur 'Havoc A': «The lions are at the door, we ain't takin' orders from snakes no more». Les rats de Frank Carter sont ici des lions, l'écriture de Rou étant beaucoup plus optimiste et tournée vers l'avenir. Dans cette période d'idolâtrie pour le changement, le groupe démontre toute sa conscience humaine et politique et appelle au réveil des idées et des mobilisations populaires. Les attaques à la société de consommation («Constantly relying on consuming to feel content / But only because we lost such with this home that we’ve spent / Trillions of dollars training for our wants and not our needs / And now we’re growing tired of planting bleary-eyed seeds») et les espoirs de rassemblement peuvent paraître naïfs mais sont judicieusement envoyés. Le disque embrasse des valeurs de communauté, d'engagement et d'action. Enter Shikari ne propose rien de nouveau mais le message est plein d'intérêt, de conviction et d'esprit.

Les quatre Anglais ont trouvé leur son avec 'Common dreads'. Un son plus mature et défini. Leur mélange des genres et leur maîtrise des compositions sont déconcertants. Écoutez le début des chansons, puis écoutez en suivant leur fin et l'habileté avec laquelle ils se baladent musicalement vous sautera aux oreilles. Il n'y a guère d'équivalent à ce que fait le quatuor à ce jour, les comparaisons avec tous les groupes MySpace screamo/electro/vomito (Attack Attack! et consorts) ou Nintendocore (HORSE The Band en tête) s'avérant complétement faussées. Pour rester 100% British dans les comparaisons, disons qu'Enter Shikari désormais, c'est une rave party dans une cave avec The Prodigy, The Streets et Gallows. Ils créent de véritables chansons à l'intérieur même des morceaux et le tout sans se répéter de l'un à l'autre. Les défauts sont peu nombreux, même les titres calmes qui étaient le gros point négatif de 'Take to the skies' sont ici mûrs et subtils. 'Wall' démarre comme une ballade sombre et juste quand vous commencez à penser que le titre va devenir ennuyeux, un superbe refrain enjoué vient redonner de la vie et transformer la chanson.
Il n'y a ainsi pas de grands reproches à faire sur cet album, même s'il décevra sans doute les plus amoureux du mosh pit. Les concerts seront moins violents au son de ces nouveaux titres, plus calibrés pour être écoutés au volume maximum dans votre voiture. Il est malgré tout évident que le groupe conserve cette aptitude à rassembler les foules, la phrase d'introduction de Rou sur le premier titre résumant bien cette idée: «Here tonight, I clock a thousand heads / Here to unite, through common dreads». La hype terminée, Enter Shikari s'est débarrassé du mauvais pour ne garder que le meilleur. Les scene kids s'éloigneront, mais une génération entière pourra se reconnaître dans cet album, comme une génération entière pourra vibrer au son de ces titres en live.

Recommandé si vous aimez:
The Prodigy, Pendulum, Chiodos
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The Qemists, Exit Avenue, Rout

www.myspace.com/entershikari
(Ambush Reality, 2009)

vendredi 29 mai 2009

Taking Back Sunday - New again


Tout le monde connaît Taking Back Sunday. Un premier album classé parmi les classiques du genre, un deuxième qui les place dans les hauts rangs de la scène et un troisième sous forme de succès commercial, le groupe de Long Island ne nécessite aucune présentation. Comme son nom l'indique, leur quatrième album marque un nouveau départ pour le groupe. C'est un nouveau Taking Back Sunday à qui nous aurons désormais affaire.

Le départ à l'automne 2007 de Fred Mascherino a fait grand bruit et reste un tournant majeur dans l'histoire du groupe, lui qui n'avait pourtant rejoint l'aventure qu'à l'occasion de leurs débuts en major en 2003. La chanson 'Capital M-E' lui est consacrée et le moins que l'on puisse dire, c'est que les deux parties ne se sont pas quittés en bons termes, comme on avait déjà pu le constater dans les interviews données par les principaux concernés. «The nicest man I ever met was more malicious than malcontent / Yeah he taught me how to hold my tongue / And wait to strike 'til their backs were turned / And you slither away like the snake that you are». Véritable règlement de comptes, la chanson est un peu à l'image de ce nouvel album: une composition sympathique, quelques arpèges intéressants (tellement calibrés radio qu'ils rappellent Coldplay sur ce titre) donnant un semblant de consistance à un refrain simple et une performance vocale bonne mais sans surprise d'Adam Lazzara.
La première erreur du disque se trouve dans son tracklisting. Les deux titres les plus catchy ont été placés au début et les deux autres les plus créatifs relayés en toute fin, ce qui fait que l'on ressent un certain passage à vide autour de la moitié de l'album. On retrouve le son plus conventionnel et easy-listening de 'Louder now' sur des titres comme 'New again' et 'Lonely, lonely'. Les riffs sont puissants, la batterie rapide, c'est dans la totale continuité de l'album précédent. 'Carpathia' est certainement le titre le plus heavy du titre, les excellentes mais bien trop rares interventions vocales du bassiste Matt Rubano et du nouvel arrivant Matthew Fazzi donnant ici un nouveau souffle aux couplets et servant encore davantage le chant de Lazzara. On trouve également sur ce titre ce qui semble être le premier (mini) solo de basse de l'histoire de Taking Back Sunday! Le meilleur moment du disque se situe à sa toute fin, 'Everything must go' expérimentant un peu plus de sonorités, avec une excellente intro en deux temps, un refrain ambitieux et un rythme progressif se concluant sur un épique sursaut de riffs.
Le reste est très «radio-friendly», de la ballade typique à la U2 'Where my mouth is' au facile single 'Sink into me' faussement énergique ramenant Taking Back Sunday au niveau de ses vulgaires outsiders malgré les changements de rythme amenés par les sursauts de folie de Lazzara. L'ensemble reste instrumentalement bon mais assez répétitif et peu mémorable. 'New again' manque dans sa globalité d'intensité et de créativité. On ne peut pas dire qu'Adam n'ait pas essayé, faisant beaucoup d'efforts pour insuffler de l'énergie par son chant toujours aussi divertissant et particulier mais un peu plus faible que par le passé. Il semble avoir mis beaucoup dans cet album, notamment au niveau des paroles, où il s'étend sur de nombreux sujets personnels, de Mascherino ('Summer man') à son divorce avec Chauntelle DuPree d'Eisley ('Everything must go') ou encore ses addictions passées ('Where my mouth is'). Sur cette même chanson on peut également pour la première fois l'entendre s'exprimer sur la «mort» du Taking Back Sunday des débuts (John Nolan et Shaun Cooper ayant quitté le groupe en 2003 pour former Straylight Run, Eddie Reyes est aujourd'hui le seul membre originel restant) et son implication dans cette séparation: «And now I'm staring at the floor / Where my second life just ended / Where I lost not one, but two friends [...] See, I had it all / But I threw it away / Just to prove that I could».

C'est un passage intéressant par le fait que pour beaucoup, Taking Back Sunday s'est autodétruit après le départ de Nolan et Cooper et ne sortira jamais un album à la hauteur de 'Tell all your friends'. Et pourtant, le groupe avait annoncé un retour à ce son-là peu avant la sortie de 'New again'. Une déclaration qui ne méritait certainement pas d'être faite, tant le Taking Back Sunday d'aujourd'hui tranche avec celui du premier album. Le son «brut» des deux premiers disques est définitivement enterré, remplacé par un polissage intensif du chant et des instruments qui enlèvent toute la saveur d'un groupe ayant le potentiel de celui-ci. Sur 'Louder now', ça fonctionnait, mais ici la dynamique du double chant manque terriblement, elle qui était un peu la marque de fabrique du groupe. Fazzi n'est pas un Mascherino II, laissant à Lazzara le monopole du chant, nous faisant regretter les savoureux changements de rythmes orchestrés par les incessants relais entre sa voix et celle de Fred.
'New again' paraît ainsi bien fade face à ses prédécesseurs. Ce n'est peut-être pas un mauvais album, mais c'est de loin le plus faible de Taking Back Sunday qui nous livrent par la même occasion la moins bonne chanson qu'ils aient jamais écrite, en la personne de 'Cut me up Jenny'. C'est certainement le moment pour une génération de fans de passer la main à une autre.

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The All-American Rejects, Armor For Sleep, My Chemical Romance

Essayez aussi:
The Color Fred, Northstar, Smudge

www.myspace.com/takingbacksunday
(Warner Bros. Records, 2009)

mardi 26 mai 2009

The Dangerous Summer - Reach for the sun


Un groupe tirant leur nom d'un roman d'Hemingway peut-il réellement être mauvais? Ce n'est en tous cas pas le cas pour The Dangerous Summer. Le quatuor du Maryland nous avait offert un des EP's les plus prometteurs de 2007 avec 'If you could only keep me alive' et sortent aujourd'hui leur premier album.

Produit par Paul Levitt qui a, entre beaucoup d'autres, travaillé avec Dashboard Confessional et All Time Low, 'Reach for the sun' est plus proche de la simplicité touchante des premiers que des tubes pop-punk des seconds. L'album est catchy mais pas sur-fait, sur-produit ou trop sucré. Les enchaînements entre les chansons sont fluides et les refrains ne coupent pas brutalement avec le reste des compositions, ne limitant pas l'intérêt des titres à quelques secondes de mélodie. Les chansons sont de qualité et ont été soignées dans leur ensemble, ne vivant pas qu'à travers leur refrain. The Dangerous Summer naviguent entre énergie pop-punk ('Surfaced'), compositions pop-rock ('Weathered') et mélodies alternative rock ('Where you want to be'), à la manière de leur influence Third Eye Blind. Les harmonies sont douces mais poignantes, à l'image de la magnifique 'This is war' qui figurera parmi les meilleures chansons de l'année. Les parties de guitares se ressemblent souvent mais ne rendent pas le disque redondant, au contraire elles lui donnent une forte homogénéité et régularité. On trouve un certain aspect «atmosphérique» dans les riffs et une meilleure dynamique dans le rythme de la batterie. Là où l'EP faillait, l'album réussit.
Le domaine où le groupe excelle est cependant celui du chant et des paroles. La performance vocale d'A.J. Perdomo est pleine de sincérité et d'émotion, sans pour autant s'approcher du gémissement agaçant. Il a une façon particulière d'attaquer certaines phrases qui fonctionne à tous les coups et il parvient à transmettre une énergie positive, relayée par l'optimisme de ses paroles relatant nombre des temps difficiles de sa vie: «I really think for once that I can change / It’s really not that bad / I’m learning now that I was wrong in everything / And that’s the reason why I think that I can grow». Le titre 'Permanent rain', déjà présent sur l'EP, se différenciait beaucoup des autres titres et a davantage sa place ici. On peut presque palper la sincérité du jeune songwriter (il n'a que 20 ans) quand il chante «I wish it was me in the car that day», la chanson traitant de la perte d'un de ses amis. Le chanteur base entièrement son songwriting sur son expérience et son passé, lui donnant une force émotionnelle énorme. Les paroles ne sont pas forcément profondes ou exceptionnelles, mais leur sincérité et la douce nostalgie dégagée par certains titres ('Reach for the sun') touchera chaque auditeur. Simple mais passionné. Le disque se termine brusquement sur un cri du cœur de Perdomo: «But it's worth it / To never feel alone», à la manière du personnage d'Emile Hirsch dans le film 'Into the wild'.

The Dangerous Summer nous offre un album solide et de qualité. Il n'est pas décousu avec un tube par-ci par-là, mais constant et consistant. Les chansons se ressemblent au premier abord et le disque nécessite ainsi plusieurs écoutes pour grandir en vous, mais elles en valent bien la peine une fois que vous y tendrez bien l'oreille.
Vrai et frais, débordant d'honnêteté, 'Reach for the sun' n'est pas «fun», il est bon et beau. Idéal pour l'été, vous ne le passerez cependant pas autour d'un barbecue avec vos copines au bronzage impeccable, mais plutôt dans votre voiture face au soleil couchant, à l'image de sa magnifique pochette. Dans un genre asphyxié par les groupes ne pensant qu'à faire la fête, un album facile à écouter tout en étant intelligent ne fera pas de mal aux ondes FM.

Recommandé si vous aimez:
The Starting Line, Valencia, Over It

Essayez aussi:
Dropout Year, Driving East, Parade The Day

www.myspace.com/dangeroussummer
(Hopeless Records, 2009)

lundi 25 mai 2009

The Audition - Self-titled album


Les outsiders alt-rock de The Audition reviennent un an seulement après la sortie de leur deuxième album 'Champion', avec une promo boostée par l'horripilante marque de fringues Glamour Kills (à qui l'on doit l'incroyablement créative pochette) et la présence de Mark Trombino (Blink-182, Finch, Jimmy Eat World) à la production.

Le premier bon point est l'amélioration du chant de Danny Stevens. Sa place de frontman lui sied désormais parfaitement, menant son groupe avec assurance aussi bien sur scène qu'en studio. Les notes sont tenues et sa voix possède un certain groove qu'il est difficile d'ignorer. Les tubes sont là aussi: 'My temperature is rising', le premier single branché sexy (il semblerait que ce soit une habitude, celui de l'album précédent étant nommé 'Warm me up') au beat dansant et au refrain accrocheur et le légèrement plus aggressif 'The running man'. Autre bon titre, 'Sign. Steal. Deliver.' clôture l'album sur une note plus originale, laissant les musiciens s'exprimer davantage.
Le reste est assez vite résumé. 'The way you move' sonne très rock des 90's, 'It's gonna be hard (When I'm gone)' est la ballade rock US typique entendue des centaines de fois tandis que 'Los Angeles' rappelle le modern rock de Taking Back Sunday. L'ensemble est catchy, upbeat, plus pop et bien produit. Trombino semble s'être concentré plus sur la qualité sonore du groupe que sur leur capacité à exploiter leur potentiel musical.

The Audition ont indéniablement quelque chose de différent de tous ces groupes sucrés estampillés Glamour Kills, ne s'enfermant pas dans un pop-punk facile, mais ne parviennent pas pour autant à s'extirper du lot. Lyricalement, ça reste médiocre et déjà vu. La plupart des titres possédant un fort côté «arena rock», il ne fait cependant pas de doute que 'Self-titled album' sera bien accueilli par ceux qui iront voir jouer le groupe.

Recommandé si vous aimez:
Sugarcult, The All-American Rejects, Taking Back Sunday

Essayez aussi:
Envy On The Coast, Tonight Is Goodbye, The Graduate

www.myspace.com/theaudition
(Victory Records, 2009)

mercredi 13 mai 2009

Closure In Moscow - First temple


Closure In Moscow est un jeune groupe australien formé en 2006 par cinq amis de Melbourne. Vite repérés par leurs pairs américains de Saosin pour qui ils ouvrent sur leur continent puis mis en avant dans le magazine Alternative Press, il n'en faut pas plus pour que le label Taperjean Records (Limbeck, As Tall As Lions, Copeland) les signe et leur permette de sortir leur premier EP début 2008, 'The penance and the patience', avant que le groupe ne soit récupéré après maintes déboires par les bien plus réputés boss d'Equal Vision aux États-Unis. Et ce n'est pas une surprise si Closure In Moscow se retrouve aujourd'hui sur le même label que Circa Survive ou The Fall Of Troy. Leur rock progressif et technique et la voix aiguë de leur chanteur Chris De Cinque ont tout pour plaire aux fans du genre.

Ils sortent ce mois-ci leur premier album, produit tout comme l'EP par Kris Crummett (Drop Dead, Gorgeous, Fear Before, Dance Gavin Dance). Un album attendu de pied ferme par ce qu'on pourrait appeler la «communauté Absolute Punk», tant 'The penance and the patience' avait démontré un important potentiel créatif.
Les plus enthousiastes ne devraient pas être déçus. 'First temple' reprend les mêmes éléments prog-rock et alt-rock, mêlant avec brio passages techniques et mélodies catchy. Alors que certains titres sont de vrais hymnes à la guitare électrique ('Afterbirth'), d'autres laissent le devant de la scène au chant subtil et haut perché de De Cinque, rappelant inévitablement celui de Cedric Bixler-Zavala de The Mars Volta ('Reindeer age'), quelques-uns possèdent un évident rythme jazzy ('A night at the spleen'), tandis que les derniers sonnent davantage rock alternatif mid-tempo à la Saosin ('Deluge'). Les attaques sont puissantes, les guitares couinent en véritables explosions sonores, rythmées par la technicité des riffs de Mansur Zennelli et Michael Barrett. Le plus bel exemple est celui en intro de 'Sweet#hart' qui figurera sans nul doute au classement des meilleurs riffs de l'année. Closure In Moscow ne s'enferment cependant pas dans un schéma de technique poussée à l'extrême, le déluge des guitares étant accompagné de soignés samples de teneurs différentes, parfois électro ('Kissing cousins'), parfois ambiants ('Permafrost') et le groupe a même recours à l'acoustique sur l'interlude 'Couldn't let you love me', tandis que certains riffs de 'Sweet#hart' et 'Arecibo message' rappellent des sonorités orientales.
Les titres se démarquant le plus sont malgré tout les plus énergiques, situés dans la première moitié de l'album. La seconde est plus sombre et mid-tempo à l'image de 'I'm a ghost in twilight', un des rares titres ne donnant pas envie d'appuyer sur «repeat». Les écueils sont donc largement évités et on ressort de 'First temple' avec une agréable sensation de ne pas avoir eu à subir l'écoute de titres déjà entendus une centaine de fois comme c'est trop souvent le cas avec les nouveaux groupes actuels.

C'est cette capacité à briser le modèle habituel de composition des titres et cet habile mélange de technique, mélodie et originalité qui pourra faire de Closure In Moscow un des groupes majeurs de la scène dans le futur proche. Pour l'instant, les Australiens viennent en tous cas de produire un des meilleurs premiers albums de 2009 à ce jour.

Recommandé si vous aimez:
Saosin, The Mars Volta, Coheed And Cambria

Essayez aussi:
Damiera, Secret And Whisper, In:Aviate

www.myspace.com/closureinmoscow
(Equal Vision Records, 2009)

vendredi 8 mai 2009

Gallows - Grey Britain


Lorsqu'un groupe fait part de son intention de sortir un «concept album», cela fait souvent grincer beaucoup de dents, notamment quand il a encore tout à prouver. C'est pourtant dans cette périlleuse aventure que se sont lancés les Anglais de Gallows pour leur second album.

Gallows, c'est le renouveau du punk anglais. Un point c'est tout. Après un premier album réussi sans être exceptionnel sorti sur In At The Deep End (UK) et Epitaph (US) en 2006, les cinq British se sont vus faire les yeux doux par les majors et c'est Warner Bros. qui a remporté les enchères avec un contrat à 1 million de livres sterling. En résulte donc 'Grey Britain', un second effort sous forme de «concept album» / lettre ouverte à leur pays.
Nous sommes d'entrée mis devant le fait accompli: «Grey Britain is burning down / We'll be buried alive, before we drown / The queen is dead, so is this ground [...] Set alight to the flag we used to fly / It can't help us now, we are ready... to die». Cette introduction, certes peu optimiste, ouvre le disque à la perfection. La Grande-Bretagne est à l'agonie et ils ne se gêneront pas pour cracher sur sa tombe.
Le quintet anglais fait preuve sur ce second album d'une ambition et d'une prise de risque peu comparable avec leurs débuts. 'Grey Britain' transcende 'Orchestra of wolves', le dépassant en tous points. L'évolution est frappante. Le groupe s'est tout simplement amélioré à tous les niveaux: chant, paroles, instruments. Les compositions sont beaucoup plus consistantes, l'ensemble plus solide, les amenant à expérimenter l'inclusion d'orchestrations, chose qu'on aurait eu du mal à imaginer à l'époque de leur premier opus, preuve de l'assurance et la confiance acquise par le groupe. Ils sont allés loin, sans pour autant se perdre.

Les cinq potes de Hertfordshire sont, à l’image des bêtes sur la pochette de leur premier album, de véritables chiens enragés, leur charismatique frontman Frank Carter vous crachant à la figure ses sinistres lignes avec une furie rare. ‘Grey Britain’ est une vraie claque. Un pavé dans la marre du monde musical et dans la plus haute fenêtre du palais de Buckingham.
Le mot d’ordre est simple: «Britain is fucked». Pas besoin de traduction. L'album aborde avec virulence les différents problèmes, éternels mais actuels, de la Grande-Bretagne au niveau social, politique et économique. Les messages sont clairs, sans équivoque ni compromis: leur pays est en pleine décadence, pire, en totale décrépitude et ils sont légèrement «pissed off» à ce sujet. Énervé, brutal, le groupe enchaîne les accusations assassines contre ceux ayant mené leur nation à la dérive, la sphère religieuse et ses excès n'étant pas épargnés ('Leeches'). Le disque pue la sueur et le sang. La violence et l'honneur. Les rats et la misère. Les gangs de rue et les églises en flammes. «Everything is falling apart».
Le groupe fait preuve d’une sauvagerie folle tout en conservant cette inimitable classe anglaise. L’accent «so British» est délicieux, pourtant noyé dans les vociférations d’un impressionnant Frank Carter. Le jeune chien fou qu’il était il y a trois ans a pris de la gueule, beaucoup de gueule. Sa voix a énormément évolué, encore plus rude et éraillée qu’avant. Il beugle en permanence, même sur les courts passages parlés (à l'exception de la première partie de 'Vultures (Act I & II)'), il crache ses mots comme s’il portait le poids du monde sur ses épaules, avec une conviction et une détermination effrayante. Le jeune tatoueur chante avec ses tripes, à la limite du râle, ce qui va parfaitement de paire avec son écriture qui a elle aussi bien mûri. Viscérale, sombre, dangereuse, elle peint un tableau de la Grande Bretagne moderne fait de gris et rien d’autre, lui donnant une image presque moyenâgeuse. Le groupe a filmé une fiction d'une demi-heure pour illustrer l’album et on ne peut qu’approuver l’idée tant l’écriture de Carter est explicite, presque cinématographique. Elle donne une ambiance apocalyptique à l’ensemble du disque, renforcée par les différents samples de sons divers (corbeaux, cloches, vagues, train, alarme) ainsi que l’intro et la conclusion sous forme de bande originale de film.

Dramatique, lugubre, crasseux mais incroyablement réussi. La noirceur générale, qu'on retrouve aussi instrumentalement dans les lignes de basse, lourdes et sombres, de Stuart Gili-Ross ('I dread the night'), n'étouffe pas pour autant le disque. 'Vultures (Act I & II)' voit le groupe prendre un chemin nouveau sur sa première moitié, où la voix rauque de Frank Carter laisse place à un chant étonnamment doux et juste parfaitement adapté à la guitare acoustique l'accompagnant. La fureur n'est cependant pas loin, l'autre moitié du titre faisant la part belle aux puissantes instrumentations des quatre autres. Les guitares hurlent et la batterie est précise, les cymbales valsent, giflées par l'ardeur de Lee Barratt. Il ne faut de même pas se fier à le mélodie de l'intro voix/batterie presque enjouée de 'Black eyes', ce titre étant un des plus heavy du disque. Les riffs de Stephen Carter et Laurent Barnard sont démentiels, on croirait entendre du Have Heart sur 'The riverbed'. Et à écouter les paroles, les similitudes ne s'arrêtent pas là: «We are the brothers, in my brothers I trust». Le quintet est en effet plus hardcore que jamais, maîtrisant parfaitement gang vocals intenses ('London is the reason') et breakdowns déchirants (l'énorme 'Misery'). Et si ce 'Grey Britain', loin d'être un 'Orchestra of wolves' 2, tend vers un hardcore à dépasser les frontières, certains titres témoignent du côté plus punk de sous-sol de leurs débuts, à l'image de 'Leeches' et 'The great forgiver'. Cet album est juste la fusion parfaite du punk et du hardcore, à la fois terriblement heavy et diablement énergique.
Et comment ne pas parler du dernier titre, 'Crucifucks', véritable hymne apocalyptique clôturant ce disque brûlot en épouvante totale. À grand renfort de métaphores animales, Carter passe en revue les bourreaux du prestigieux Londres achevant les populations martyrs («The snakes get fat while the good rats die [...] It's time for us to take a stand / We are dying on our knees in this grey broken land») pour finalement avouer, haletant, la responsabilité de tous dans le désastre sur fond de tambours militaires: «There ain't no glory and there ain't no hope / We will hang ourselves, just show us the rope / There ain't no scapegoats left to blame / We brought this on ourselves and we could have been the change / Great Britain is fucking dead / So cut our throats, end our lives, lets fucking start again». Suivent alors plusieurs minutes entièrement instrumentales, nous laissant admirer le navire couler, encore tout retournés par ce que l'on vient d'entendre. Si le xylophone peut paraître inadapté, le piano et les violons, eux, sont à couper le souffle et cristallisent à merveille la désolation finale. Une conclusion épique digne de ce nom.

Gallows n’était auparavant qu’un simple groupe punk-hardcore parmi tant d’autres, mais avec ‘Grey Britain’ ils s’élèvent au rang de nouvelle tête de file du mouvement, accomplissant ce que certains essayent de faire depuis dix ans. Le passage en major ne fut pas une erreur, bien au contraire. Selon Frank Carter, c'est plutôt son groupe lui-même qui est «la plus grosse erreur de l'industrie musicale». Lui qui prétendait il y a peu que Gallows n'était pas sa vie, lui, l'artiste tatoueur. «Gallows ne durera pas cinq ans», avait-il dit. Nous verrons bien, mais en entendant il risque d'y consacrer ses prochains mois, les tournées s'enchaîneront à n'en pas douter tout autour du globe.
L'Angleterre peut être fière de ses cinq sales gosses, désormais plus «sales» que «gosses». La hargne et l'application prodigieuses dont Gallows fait preuve ne fait que redonner à leur pays ses lettres de noblesse. Sur un plan purement punk, bien entendu.

Recommandé si vous aimez:
Black Flag, Cancer Bats, The Bronx

Essayez aussi:
The Ghost Of A Thousand, Blackhole, Dead Swans

www.myspace.com/gallows
(Reprise Records, 2009)

vendredi 3 avril 2009

Madina Lake - Attics to Eden


Amateurs de créativité débordante, intégristes du génie musical, abonnés au renouvellement des genres, musiciens à la recherche de nouveaux défis instrumentaux, poètes en manque d'inspiration: passez à la chronique suivante. Si vous avez téléchargé ce disque, désactivez votre plug-in Last.fm. Si vous avez écouté ce disque, ne paniquez pas et insérez vite votre album préféré. Si vous avez acheté ce disque, avalez-le. Ni vu, ni connu. Si on vous l'a offert, changez d'amis. Si le groupe passe près de chez vous, vérifiez que vous avez fermé à double tour. Et ne prononcez jamais, au grand jamais, le nom de Madina Lake de toute votre vie.

Bien sûr, j'exagère, il y a pire que Madina Lake. Bien pire, même. Mais franchement, niveau manque d'originalité, les quatre zozos ne font pas dans la dentelle. Concept album? Yep. Riffs alt-rock usés jusqu'à la corde? Affirmatif. Sur-production et effets sonores à tout va? Tout à fait. Construction de chansons ultra classique? Bien sûr. Chant clair parsemé de cris? Évidemment. Paroles mièvres et banales au possible? Assurément. Ballade solitaire en fin de disque? Clairement. Clips surjoués et faussement romantiques? Hélas. Coiffures ridicules et mimiques en tous genres? Si, señor. Vous ne découvrez rien que vous ne connaissiez déjà de la partie la plus jetable de la scène alternative rock actuelle avec ce deuxième album de Madina Lake. Autant sur le précédent quelques titres sortaient du lot et laissaient entrevoir un potentiel enfoui sous une montagne d'affreux chichis, tralala, effets, manières et autres pacotilles, autant sur celui-ci, tout espoir semble perdu. La totalité du disque est terriblement cliché et déjà entendue du début à la fin (une fin qu'on a du mal à voir). Concrètement, sur le plan musical, ça sonne comme un mariage forcé entre Anberlin et Nine Inch Nails. Et visiblement, la lune de miel ne s'est pas bien passée.
Le seul titre que l'on retient après une première (et dernière) écoute, c'est le single 'Never take us alive'. Si vous parvenez à affronter les lyrics pour adolescents en pleine crise («Sometimes I feel like I'm from another world / And everything I want in life seems impossible [...] Cause people, they'll tear you apart if you are not like them / And we are different»), peut-être apprécierez-vous les parties de guitare et les «wa oh oh oh oh oh» à la 'Godspeed' d'Anberlin. Passé cette première chanson, dure sera la chute. Certes, la production de David Bendeth (Paramore, All Time Low, Underoath) est parfaite, mais peut-être un peu trop. L'ensemble est lisse au point qu'on a l'impression d'écouter la même chanson de bout en bout.
Il y a beaucoup à parier que vous passerez plus de temps à regarder la pochette qu'à écouter le disque.

Recommandé si vous aimez:
The Red Jumpsuit Apparatus, Hawthorne Heights, Halifax

Essayez aussi:

The Blank Theory, Elliot Minor, My American Heart

www.myspace.com/madinalake
(Roadrunner Records, 2009)

jeudi 2 avril 2009

Rise Against & Anti-Flag - Split 7''


Les deux groupes punk-rock mainstream américains les plus en vogue des dernières années ont décidé de collaborer dans la plus grande discrétion pour offrir à leurs fans un split vinyl plus que collector. Le disque n'aurait été pressé qu'à 100 exemplaires, vendus sur les sites spécialisés du Web (Interpunk, SmartPunk) ou distribués lors de leur tournée avec les excellents Flobots. Chacune des deux formations a choisi une b-side de son dernier album, donc malheureusement rien d'inédit pour les fans ayant déjà leur discographie complète.

'Sight unseen', le titre de Rise Against sonne sans surprise comme leur dernier album 'Appeal to reason', plus rock que punk, la chanson ne décollant que sur les refrains. On remarquera quand même le bon jeu de batterie de Brandon Barnes et le court passage instrumental juste après le break qui vous fera facilement hocher la tête. Enfin, les cris de Tim McIlrath à la toute fin vous feront regretter les temps où ils étaient plus nombreux.
La partie d'Anti-Flag est plus intéressante par le fait que la chanson tranche un peu plus avec ce que le groupe a produit récemment. Très courte (même pas une minute), 'I'm so sick of you' retourne sur des traces plus anciennes du quatuor de Pittsburgh. Bien plus «rentre-dedans» que leur dernier album 'The bright lights of America' rempli d'orchestrations, la chanson évite tout chichi et mise sur l'énergie du chant de Chris#2. On l'entend cependant parfaitement chatouiller sa basse et il en va de même pour les arpèges en crescendo de Justin Sane et Chris Head.

Rien de bien original que ces deux b-sides qui se laissent tout de même écouter si vous êtes amateur/trice des deux formations. Lyricallement, c'est toujours engagé sans pour autant étouffer l'auditeur d'idées révolutionnaires. Bref, un split réservé aux collectionneurs qui se sont déjà rués dessus puisque tous les exemplaires sont d'ores et déjà écoulés.

Recommandé si vous aimez:
NOFX, Strike Anywhere, The Unseen

Essayez aussi:
Thought Riot, Red Lights Flash, The Sainte Catherines

www.myspace.com/riseagainst
www.myspace.com/antiflag
(Interscope, 2009)

lundi 30 mars 2009

Two Tongues - Two Tongues


Saves The Day et Say Anything sont deux des groupes les plus respectés de la scène alternative rock, les premiers étant presque des vétérans du genre tandis que les seconds constituent la relève avec en tête de cortège leur frontman torturé et charismatique, Max Bemis. Normal a priori que celui-ci adule son prédécesseur Chris Conley, talentueux songwriter de Saves The Day. Plus étonnante est l’amitié entre ces deux icônes des temps modernes. C’est l’adoration de Bemis pour Conley qui en est à l’origine. Leur première collaboration date de 2006 à l’occasion d’un album de reprises hommage à Bob Dylan sorti par le label Doghouse, ‘Paupers, peasants, princes and kings’. A suivi une tournée commune entre leurs deux groupes, permettant à Bemis de passer du statut de fan absolu à celui d’ami proche de Conley. Quand le premier avança l’idée d’une collaboration plus poussée, la réponse du second ne tarda pas, affirmant «qu’il ne le ferait avec personne d’autre». Le résultat a été attendu plus qu’impatiemment par les aficionados de la scène et malheureusement il n’est pas tel qu’on l’avait rêvé.

Ce résultat, c’est Two Tongues: Max Bemis et Chris Conley au chant, à la guitare, au clavier et aux paroles, Dave Soloway (ex-Saves The Day depuis quelques semaines) à la basse et Coby Linder (Say Anything) à la batterie. Il est normal de s’attendre au meilleur avec un tel line-up, surtout au niveau des lyrics et du chant, la voix haut-perchée de Chris ayant remarquablement fait ses preuves une fois associée à celle, rauque et vibrante, de Max sur le titre ‘Sorry dudes, my bad’ de Say Anything il ya deux ans. Ce mariage vocal contrasté et savoureux porte ses plus beaux fruits sur le début du disque. Les premières secondes de ‘Crawl’ et son puissant refrain digne de ceux de ‘In defense of the genre’ ne laissent présager que le meilleur. ‘If I could make you do things’, plus rock, tend davantage vers Saves The Day et le va-et-vient entre le chant presque féminin de Chris et celui, sauvage, de Max offre une bonne rythmique à l’ensemble. ‘Dead lizard’ est également très réussie, ses riffs de guitare à la ‘Sound the alarm’ rappelant un ‘The artist in the ambulance’ (Thrice) pop.
Cet excellent enchaînement de titres poppy et upbeat est rompu par un interlude chanté par Sherri DuPree d’Eisley (future épouse de Max Bemis et qui a aussi réalisé la pochette de l’album) pour poser une ambiance beaucoup plus sombre. Ce n’est pas gênant tout de suite, ‘Tremors’ étant dans la veine des ballades de ‘In defense of the genre’. Certains trouveront la chanson insipide et son chant trop pleurnichard, mais elle reste hyper efficace. Cependant, le niveau des titres suivants est bien en dessous de celui du début du disque et ils sont malheureusement loin d’être mémorables. Les hauts espoirs apportés par la première partie de l'album font de la seconde une réelle déception. Plusieurs d’entre eux sont franchement ennuyeux et manquent sérieusement d’énergie. L’enjoué ‘Come on’ a certes du rythme mais se répète terriblement, le chant du duo sur le maladroit ‘Alice’ manque d'enthousiasme et ‘Try not to save me’ sonne comme une b-side très moyenne de Saves The Day.
‘Back against the wall’ incarne toute la frustration ressentie à l’écoute de ce disque. Il aurait pu et dû être un des meilleurs de l’année, tellement le potentiel créatif de ses deux phénoménaux songwriters est énorme. Et pourtant, alors qu’on attend de Bemis et Conley qu'ils montrent leur supériorité sur le reste de la scène et qu'ils s’imposent définitivement en rois de l’alternative rock d’aujourd’hui, ils préfèrent nous servir un titre étrangement funk avec des sons de synthé tout vilains et un riff guitare/basse principal qui a mal vieilli. C'est mou à mourir et le refrain est aussi vide qu'un circle pit à un concert des Jonas Brothers. On a envie de les secouer et de leur demander d’être sérieux deux minutes: vous pouvez faire tellement mieux, les mecs! L’ensemble du disque est très rock uptempo, avec des passages rappelant tantôt The Replacements et Minutemen, tantôt Hüsker Dü et Fugazi. ‘Don’t you want to come home’ sonne très rock des 90’s, à l’image de la majorité des riffs de l’album s’inscrivant davantage dans l’alt-rock d’il y a dix ans que dans celui d’aujourd’hui, plus proches de The Hold Steady que de Taking Back Sunday. La voix de Conley étant déjà à la limite de l'inécoutable pour ceux n'appréciant pas son timbre aigu, les effets sur sa voix sur les couplets les rendent difficilement supportables. La toute fin de l’album est encore plus décevante, le dernier titre étant une faible et inutile reprise du groupe Ween où Bemis semble totalement hors contexte, une bien mauvaise façon de clôturer le disque. L’exception dans cette décadence est la très réussie ‘Wowee zowee’ avec ses accords catchy, sa basse qui gronde et son excellent refrain appelant au sing-along, délicieux va-et-vient entre les aboiements graves de Bemis et les plaintes aiguës de Conley.

On termine donc l'écoute de ce premier album éponyme (le quatuor a affirmé que Two Tongues durerait plus d'un disque) avec une légère amertume et une certaine déception. Certains éléments que l'on attendait à l'annonce d'une telle collaboration sont bien là: le tandem vocal Bemis/Conley fonctionne parfaitement, c'est un plaisir d'écouter le contraste tranchant entre les deux chanteurs. Qu'ils incarnent le même personnage ('Try not to save me') ou, plus généralement, qu'ils s'adressent l'un à l'autre en tant qu'amants ('Zowee wowee') ou amis ('Silly game'), la voix suave de Chris et celle, puissante, de Max s'accordent à merveille. On est par contre parfois surpris d'entendre ce dernier et sa voix profonde que l'on connaît chantant des hymnes narcissiques et tourmentés nous réciter des lyrics beaucoup plus impersonnels, voire bateaux. C'est un des aspects les plus décevants du disque: alors que Say Anything et Saves The Day excellent lyricallement, Two Tongues se contente de paroles d'une banalité surprenante. On reconnaît pourtant la patte des deux groupes au niveau musical, Conley et Soloway apportant le côté le plus sombre de leur groupe, Bemis et Linder le plus rock brut du leur. Les compères l'avaient annoncé, il ne fallait pas s'attendre à un mélange de '...Is a real boy' et 'Through being cool' mais plutôt à «'In defense of the genre' rencontre 'Sound the alarm'». Mais cette rencontre faillit sur la seconde partie du disque qui manque cruellement d'énergie et l'album paraît avoir été réalisé trop vite, sa sortie initiale ayant pourtant été fixée à l'été dernier. La moitié des titres auraient été suffisants pour faire un très bon EP qui aurait été bien mieux reçu par les critiques.
'Two Tongues' n'est pas pour autant mauvais, loin de là, c'est un bon disque en lui-même, un début solide pour n'importe quel groupe inconnu, mais une légère douche froide pour tous ceux qui espéraient un chef-d'œuvre à la hauteur de la réputation de ses créateurs. Les «all-star bands» finissent toujours par rester dans l'ombre des groupes initiaux de leurs fondateurs et Two Tongues ne fera pas exception. Cet album ne parvient pas à hisser le quatuor à un niveau équivalent à celui de Saves The Day et Say Anything, ne faisant figure que de simple side-project à côté de ceux-ci. Il ne constituera ainsi ni plus ni moins qu'un entracte sympathique pour faire patienter les fans avant les nouveaux albums des deux poids lourds du genre.

Recommandé si vous aimez:
Say Anything, Saves The Day, The Get Up Kids

Essayez aussi:
The Stereo, Person L, Forgive Durden

www.myspace.com/twotonguesrock
(Vagrant Records, 2009)

mardi 17 mars 2009

New Found Glory - Not without a fight


L'histoire de New Found Glory est des plus intéressantes. Éternels outsiders du pop-punk des années 2000 derrière Blink-182 et Green Day, le groupe a tout de même su consolider sa troisième place avec des albums devenus des classiques du genre, 'New Found Glory' (2000) et 'Sticks and stones' (2002). Alors que leur popularité n'a cessé de croître, les albums suivants ont vu leur crédibilité faire le chemin inverse. Quand Green Day s'éloigne de ses pairs pour côtoyer les U2 et autres Coldplay et que Blink s'éteint, New Found Glory a l'occasion rêvée de monter sur la première marche du podium mais s'y prend les pieds avec 'Coming home', appuyant davantage sur le «pop» de «pop-punk» que ses prédécesseurs, jusqu'à donner un air niais à certaines compositions du disque. Le groupe se rend vite compte que leur nouvelle maturité fait fuir une grande partie de leur public et est difficilement exploitable en live. Alors que beaucoup le voient déjà mort et enterré, le phénix renaît de ses cendres deux ans plus tard et, à la surprise de tous, par le biais de la scène hardcore. Un buzz énorme accompagne l'annonce de la sortie d'un nouvel EP (et d'un album de leur side-project hardcore, International Superheroes Of Hardcore) sur le label Bridge Nine, maison de Have Heart et consorts, plus mosh que pogo dans l'âme. Réussi sans être exceptionnel, il redore le blason du quintet floridien qui reprend des couleurs, du punch et se met à tourner avec des groupes plus heavy. On a ainsi le sentiment que New Found Glory avait, peut-être pour la première fois de leur existence, quelque chose à prouver avec ce sixième album studio.

'Right where we left off', la chanson d'ouverture, est celle «qui en dit le plus sur le groupe aujourd'hui», selon le guitariste Chad Gilbert. Les premiers mots sont assez évocateurs, reprenant le titre de l'album: «You can't get rid of me that easy, no / Not without a fight». New Found Glory sont bien de retour, prêts à en découdre pour reprendre leur place. Le riff est lancinant, le punch et les changements de rythme rappellent 'Catalyst'. Le refrain manque cependant d'énergie et c'est le plus mid-tempo 'Don't let her pull you down' qui lance vraiment l'album. Les couplets sont très doux mais le refrain est en tout point poppy hardcore, le chant de Jordan Pundik y est impeccablement réalisé, toujours aussi nasal et reconnaissable, tandis que Chad, Steve et Ian trouvent leur mot à dire dans les faciles mais vifs back vocals sur fond de guitares saccadées.
Le premier coup de cœur et certainement le meilleur titre de l'album est le single 'Listen to your friends', qui n'est pas sans nous rappeler le plus gros hit du groupe, l'indémodable 'My friends over you'. 'Listen to your friends' a tout pour plaire: il est simple, catchy, le refrain est facile à retenir et à scander et les paroles forment une histoire, chose peu banale chez New Found Glory. C'est juste super efficace et le hook juste avant le refrain est tout bonnement excellent. D'autres titres sont parfaits pour hocher la tête en faisant du air guitar, tels 'Truck stop blues' (que Max Bemis de Say Anything qualifierait de «obligatory song about being on the road and missing someone») ou '47' qui possède une qualité instrumentale indéniable et où Cyrus Bolooki déploie toute son énergie derrière sa batterie, donnant du tempo à l'ensemble de la chanson. «I called you 46 times / And you answered on the 47th». Du vrai New Found Glory de l'époque 'Sticks and stones'. 'Tangled up' se démarque quant à elle par la double voix sur son refrain qui donne un nouveau souffle au chant et rappelle les meilleurs moments de 'Coming home'. L'inévitable participation vocale de l'irrésistible Hayley Williams (chanteuse de Paramore et copine de Chad) est difficilement remarquable sans en être averti.
Si le thème du combat est omniprésent autour de l'album (titre, pochette, photos promos, clip dans une cage d'Ultimate Fighting), les sujets des lyrics restent éternels et très NFGiens: filles, amitié et cœurs brisés. Cependant, alors que 'Coming home' voyaient les cinq musiciens grandir, 'Not without a fight' nous les montre grandis. 'Heartless at best' présente une plus grande maturité dans ses paroles et se distingue par sa mélodie mélancolique et la présence d'une guitare acoustique. Dans le même sens, 'This isn't you' n'est ni un hymne pour les foules, ni une ballade intimiste, juste une chanson simple et brillamment exécutée. Le doux break relance le titre qui se termine sur une superposition de chants.

Malheureusement, l'album a quelques petits coups de mou. Bien que les racines hardcore des Floridiens se fassent sentir davantage sur ce disque, elles restent dissimulées dans de courts breakdowns ou de simples gang vocals. Un peu comme sur l'EP 'Tip of the iceberg', il manque un peu de consistance à ces titres plus rentre-dedans. 'I'll never love again' aurait eu besoin de plus de vitesse avec son tempo hardcore (l'intro ramènera les plus nostalgiques au 'Jamestown' de The Movielife) et les cris de Chad. 'Such a mess' a une rythmique plus lourde, de gros riffs à la Four Year Strong et des roulements de batterie bien heavy calibrés pour le pit. La recette fonctionne sans pour autant faire des étincelles, là encore, quelque chose manque, surtout sur la fin et son breakdown un peu vide. 'Reasons', située quelque part entre la ballade acoustique et le titre pop-punk typique, aurait là aussi eu besoin de plus d'énergie et étonne par son solo de guitare en conclusion. Enfin, le dernier titre de l'album, 'Don't let this be the end', est plus faible que les chansons le précédant et n'attire vraiment l'attention qu'à sa toute fin, le refrain et ses back vocals en demi-teinte laissant la place à un joli chant à l'unisson du groupe qu'on aimerait voir durer plus longtemps.
(A noter que la b-side japonaise 'I'm the fool' mérite d'être téléchargée.)

'Not without a fight' possède l'énergie de 'Sticks and stones' et le songwriting solide de 'Coming home' mais le mélange est parfois délicat car la maturité n'est pas vraiment ce qui a fait le succès de leurs premiers albums, vers lesquels New Found Glory essayent de tendre avec celui-ci. Cet opus est plus uptempo, les rythmes imposés par les guitares de Chad Gilbert et Steve Klein plus saccadés et les chansons plus courtes et faites pour être reprises en chœur. Mais les titres simples et fun allant droit au but comme 'Listen to your friends' ne sont pas assez nombreux. Le disque manque parfois de consistance, notamment sur la fin, et il ne ramènera pas le quintet à sa popularité des années 'My friends over you'.
Il ne fait aucun doute qu'il fera cependant chanter les foules diversifiées que le groupe sait rassembler, des vieux punks old-school aux scene boys and girls de base en passant par les hardcore kids prêts à en découdre dans le pit. New Found Glory ne sont certes pas des virtuoses mais ils sont capables de faire crier un stade à l'unisson sur leurs refrains catchy et facilement mémorisables. Et au final c'est bien ce qu'ils cherchaient avec cet album du «renouveau» (Chad l'a qualifié de «premier disque du second chapitre de New Found Glory en tant que groupe», même si nous sommes nombreux à plutôt penser à 'Catalyst'), pouvoir prendre leur pied sur scène en faisant bouger leur public, chose trop souvent impossible avec les chansons de 'Coming home'. Cette mission-là est réussie, cet album est calibré pour le live de bout en bout. C'est leur ami Mark Hoppus de Blink-182 qui, à la production, a su orchestrer le tout et notamment, étant bassiste lui-même, travailler les tons de basse.
New Found Glory ne nous livrent pas ici un disque innovant ou phénoménal, mais un effort plein de vie, d'envie et de passion pour ce qu'ils font. Produisant des albums de qualité, restant proches de leur public et délivrant un des meilleures spectacles live tous styles confondus, le groupe mérite sa popularité au-delà de son genre. Dans une période où les nouveaux groupes powerpop fluos similaires en tout point affluent par centaines sur MySpace, mieux vaut se tourner vers les valeurs sûres. New Found Glory en ont toujours fait partie et ont cette capacité à rester les mêmes au-delà des années sans pour autant se démoder. Ils parviennent à se renouveler sans perdre l'essence des jeunes fous qu'ils étaient il y a dix ans. Comme l'annoncent les pubs pour l'album, «les poids-lourds incontestés du pop-punk sont de retour et prêts à récupérer leur couronne».

Recommandé si vous aimez:
The Movielife, Set Your Goals, Four Year Strong

Essayez aussi:
Broadway Calls, Bangarang!, Living With Lions

www.myspace.com/newfoundglory
(Epitaph Records, 2009)

dimanche 8 mars 2009

Punk goes pop volume two


Et dire que Fearless Records fut il y a dix ans le label d'At The Drive-In. Difficile à croire quand on voit les productions du label aujourd'hui. Avec comme signatures des groupes à tendance post-hardcore aussi banals qu'Alesana et les tout récents Motionless In White ou pop-punk ridiculement niais comme Every Avenue et The Maine, le label californien surfe plus sur les tendances du moment qu'ils ne parient sur l'originalité et la prise de risque. Preuve est encore faite avec cette compilation.
La série des 'Punk goes...' a pourtant eu d'assez bons crus, comme le 'Punk goes acoustic' par exemple qui rassemblait sur son tracklisting des noms aussi beaux et variés que ceux de Thursday, Coalesce, Strike Anywhere ou Open Hand. Ont suivi 'Punk goes pop', 'Punk goes 80's', 'Punk goes 90's', 'Punk goes acoustic 2', 'Punk goes crunk' et ce mois-ci sort 'Punk goes pop volume two'. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la simple lecture du tracklisting en repoussera plus d'un. Prenez quatorze groupes en pleine ascension sur la scène pop-punk/alternative rock/post-hardcore actuelle (en gros, ceux dont les pages MySpace sont les plus visitées et accessoirement les plus travaillées) et demandez-leur de reprendre quatorze chansons ayant fait les belles heures des radios les plus populaires ces dix dernières années. Une fois de plus, il ne vaut mieux pas se fier à l'intitulé de la compilation (si Breathe Carolina font du punk, Refused étaient le plus grand groupe de R&B du monde).

L'impression qui ressort à l'écoute de cet album est qu'il est ridiculement facile de faire une reprise de nos jours. Il y a ceux qui se contentent de refaire exactement la même chanson avec des guitares et une batterie comme Mayday Parade avec l'insupportable 'When I grow up' des Pussycat Dolls, ceux qui ajoutent au chant clair quelques parties criées faciles et sans intérêt (Silverstein avec 'Apologize' de One Republic, A Static Lullaby avec 'Toxic' de Britney Spears) ou encore ceux qui trouvent judicieux de grogner sur du Justin Timberlake (Alesana) ou, encore elle, du Britney Spears (August Burns Red). L'écoute de ces titres est déconcertante tellement on a l'impression qu'on pourrait faire de même en peu d'efforts.
Mais il y a pire encore. Il y a ceux dont l'écoute du titre jusqu'à la fin demandent une volonté d'acier. Comme si cette compilation manquait d'Auto-Tune, Breathe Carolina nous font le bonheur de nous étouffer de vocodeur et de beats dance affreusement lourds. Si vous parvenez à apprécier cette chanson, vous devez forcément être un fan absolu non seulement du groupe, mais aussi de la tête à claques Miley Cyrus dont ils ont eu le bon goût de reprendre un tube. Dans la même veine, 'I kissed a girl' version électro/screamo par Attack Attack! est totalement inécoutable et nous pousse presque à présenter des excuses à Katy Perry.

Il y a certes ceux qui ont essayé de s'approprier la chanson en y apportant des modifications. Le batteur d'Escape The Fate, lorsqu'il a justifié leur choix de reprise, a affirmé qu'ils «ne voulaient pas faire quelque chose de cliché, déjà entendu, comme rendre la chanson plus rapide, ajouter un breakdown ou crier le refrain». Difficile de ne pas penser aux participations de ses collègues en entendant ça. Quoiqu'il en soit, les rock stars qu'ils sont ont choisi le très sexy 'Smooth' de Carlos Santana et Rob Thomas. Certes, le travail de reprise est un peu plus appliqué, mais ça ne fonctionne pas vraiment. De même pour The Cab qui ont ajouté du clavier, du vocodeur et un solo de guitare au 'Disturbia' de Rihanna sans réussir à convaincre (les groupes A Cursive Memory et surtout The Sequence ont également tenté de s'approprier cette même chanson et y sont mieux parvenus, leurs versions sont en écoute sur leurs MySpace respectifs) et pour There For Tomorrow et le côté dance apporté à leur reprise du chanteur R&B Omarion.
Les trois titres qui sortent du lot sont ceux de Chiodos, A Day To Remember et Four Year Strong. Les premiers se démarquent par l'originalité du choix de leur reprise ('Flagpole Sitta', tube d'Harvey Danger de 1998) et les deux autres font sonner leur versions respectives de 'Over my head' (The Fray) et 'Love song' (Sara Bareilles) un peu de la même façon, à la différence qu'on aimerait davantage de chant clair chez les premiers et moins chez les seconds. Les trois groupes s'approprient bien leur chanson, Chiodos étonnent par la fraîcheur musicale de leur titre malgré les ennuyants hurlements de Craig Owens sur la fin, A Day To Remember donnent une bonne énergie au refrain pourtant très mielleux de The Fray et les habituels gang vocals et double voix de Four Year Strong font sonner 'Love song' comme une b-side de 'Rise or die tryin' '. Bayside s'en sortent aussi plutôt bien avec leur version de 'Beautiful girls' et si elle ne nous fait pas sauter au plafond, c'est sans doute à cause de l'auteur de l'originale, Sean Kingston.

Face aux critiques acerbes qui risquent très fortement de toucher les auteurs de cette compilation, les réponses seront sans doute centralisées sur le fait que cet album n'a qu'une vocation de divertissement. Rien de sérieux d'accord, mais si les groupes revendiqueront avoir fait leurs reprises «pour le fun», on pourra leur répondre qu'au final on a bien du mal à le trouver, le fun. Bien au contraire, c'est trop souvent un calvaire pour les tympans. La majorité des choix de chansons ne sont pas judicieux, comment faire aimer une reprise d'une chanson qui est à la base exécrable? Ne subit-on pas assez le matraquage médiatique autour des stars planétaires que sont Britney Spears ou Miley Cyrus pour devoir entendre des groupes de notre scène reprendre leurs chansons? Je les remercie d'ailleurs d'avoir inséré ces noms sur mon blog, j'aurai probablement bientôt des visites des membres du club Disney Channel. Ces chansons ne sont même pas des «guilty pleasures», ce sont des titres qu'on entend à longueur de journée et dont on aimerait ne plus avoir à subir l'écoute. Qu'ont pensé Silverstein en reprenant 'Apologize', chanson entendue un millier de fois par tout être humain possédant une télévision ou une radio?
Il faut pourtant s'attendre à ce que les reprises de cet album puant le fluo et l'Auto-Tune se retrouvent en fond sonore de centaines de pages MySpace dès leur sortie. Il n'est plus honteux d'aimer la pop ultra sucrée servie par MTV puisque les groupes en vogue la reprennent à leur sauce. C'est devenu une véritable mode chez ceux désirant se faire connaître de poster en ligne leur version d'un tube du moment. Buzz assuré. Ce n'est par contre pas dit que quelqu'un se souvienne d'une seule de ces reprises dans trois ans.
Quand cet engouement pour écouter du R&B version heavy ou de la dance version pop-punk sera terminé, Fearless devra bien trouver autre chose et se tournera peut-être vers des projets créatifs et dignes d'intérêt. Me First And The Gimme Gimmes ont parfois beau choisir de reprendre des chansons encore plus mauvaises, au moins c'est drôle.

Recommandé si vous aimez:
Forever The Sickest Kids, Cobra Starship, Brokencyde

Essayez aussi:
I Set My Friends On Fire, Watchout! There's Ghosts, Cash Cash

www.myspace.com/punkgoespop2
(Fearless Records, 2009)

vendredi 27 février 2009

Thursday - Common Existence


Depuis de nombreuses années, Thursday vivent dans l'ombre d'une scène qu'ils ont en partie bâtie. Le sextet du New Jersey, sans pour autant être laissé pour compte, a tout de même souffert au long de sa carrière d'un manque certain de considération. Une reconnaissance qui lui est due, quoiqu'en disent certains. Thursday ne sont ni Quicksand, ni Far mais la scène alternative rock et post-hardcore actuelle serait bien moins florissante sans Full Collapse et War All The Time.
Ce mois-ci sort Common Existence, le cinquième album du groupe, qui a choisi (sous la contrainte de l'échec de leur contrat en major) Epitaph comme nouvelle maison. Un album moins attendu, tant les déçus furent nombreux à la sortie de A City By The Light Divided en 2006. La production très propre, le travail mélodique, les passages ambiants et le manque d'agressivité du disque ont fait perdre à Thursday nombre de leurs admirateurs des débuts. Un split avec le groupe screamo/post-rock japonais Envy sorti l'an passé a cependant ravivé l'espoir de certains en étonnant par la verve de ses morceaux.

Alors qu'attendre de ce nouvel opus, produit comme son prédécesseur par Dave Fridmann (The Flaming Lips, Clap Your Hands Say Yeah, MGMT)? Le premier titre, "Resuscitation Of A Dead Man", est, comme c'est le cas sur chacune des sorties de Thursday, un des plus puissants du disque. C'est aussi le premier single mais on est à mille lieues de "Counting 5-4-3-2-1", beaucoup plus «easy-listening». La présence de Tim McIlrath (Rise Against) est à peine audible et pour cause : les riffs rageurs, la batterie qui cogne, loin du son «boîte à rythmes» de nombreux jeunes groupes et la performance vocale mi-chantée, mi-criée de Geoff Rickly, sincère et désespérée, prennent aux tripes. Si les paroles sont loin d'être grandioses à l'inverse de certaines des titres suivants, on leur en tient peu rigueur tant l'impression sonore est forte.
Toute la première partie de l'album reste dans cette urgence et cette agressivité, avec de véritables explosions de son. "Last Call" sonne comme du Thursday classique, chaotique mais entrecoupé de passages calmes pour se terminer en bande-originale de fin du monde comme le groupe sait si bien le faire. "Friends In The Armed Forces", une des meilleures chansons du disque, possède un fort intérêt lyrical et traite comme son nom l'indique de la guerre. Plus précisément, c'est la relation peu évidente de Geoff avec un ami enrôlé dans le conflit en Irak qui en est le sujet, ou comment ne pas encourager les efforts d'une personne qu'on soutient parce qu'elle nous est chère. «En fin de compte, la chanson est un vœu de paix et de bien-être pour mes amis», a expliqué le parolier dans une interview. Lyricalement et musicalement, c'est grandiose. La voix de Geoff se dresse au-dessus des guitares, nerveuses et tortueuses. Cette impression de distance dans le chant est toujours présente, comme s'il s'en allait puis revenait en permanence. Mais si le chanteur s'égosille davantage sur cet album, les cris restent parsemés, parfois trop propres et aucun passage n'est hurlé comme c'était le cas sur Full Collapse. Pour l'anecdote, "Friends In The Armed Forces" comporte une participation vocale de Walter Schreifels, figure emblématique du hardcore et du post-hardcore ayant fait partie de Youth Of Today, Gorilla Biscuits, Quicksand ou encore Rival Schools et aujourd'hui producteur.

La seconde partie de l'album est en deçà de la première et comporte la totalité des titres plus expérimentaux. "Beyond The Visible Spectrum" démarre avec un solo de batterie accrocheur et un sample de cordes vite absorbés par la furie des guitares. "Circuits Of Fever" est le titre le plus aérien de l'album et aurait aisément pu figurer sur A City By The Light Divided, tandis que "Subway Funeral" fait penser aux inédits du CD/DVD live Kill The House Lights.
Les deux ballades du disque se ressemblent musicalement et ont pourtant un impact bien différent. "Time's Arrow" est un morceau planant à hanter les esprits qui laisse la part belle au clavier d'Andrew Everding, où la voix de Geoff résonne comme tout droit sortie d'une boîte à musique. "Love Has Led Us Astray", ballade froide et subtile, est un morceau beaucoup plus intéressant par son rôle de superbe préambule au brûlot qui clôture l'album.
Ce dernier titre, "You Were The Cancer", est aussi puissant que le tout premier et certainement un des plus intenses de toute la discographie de Thursday. Le synthé électrise l'atmosphère, le chant de Geoff nous porte, lancinant et glacial, vite rejoint par le roulement de la batterie qui indique que le déluge n'est pas loin. Et en effet, les guitares apparaissent, tonitruantes, menant vite au refrain, passionné et tranchant. Un peu comme sur "Lovesong Writer", on sent le ciel se couvrir avant que la tempête n'arrive et l'orage n'en est que plus jubilatoire.
L'album se termine comme il a commencé, dans l'urgence. Une urgence constante qui caractérise le groupe. Mais au-delà de l'intensité de leurs tubes post-hardcore et de la perfection des performances de leur chanteur (sans aucun doute un des meilleurs du genre), Thursday expérimentent des sons, créant des textures, des sensations, incluant des signaux de danger subtils avant chaque chaos, emmenant l'auditeur au plus haut avant de le projeter vers le sol à toute vitesse.

Malgré un petit moins au niveau de la production (on a le sentiment que le son aurait pu être encore plus explosif, notamment sur les reprises après les breaks et sur le volume du chant) et un léger affaiblissement au milieu du disque, Common Existence est un album solide et consistant. Plusieurs écoutes sont nécessaires mais on se rend compte que l'ensemble sonne juste naturel et progressif, sans calculs ou éléments douteux. Le groupe conserve son identité en parvenant à se démarquer de ses pâles imitateurs. Ce qui sépare le sextet de ses descendants, c'est cette capacité d'évoluer et d'explorer de nouvelles sonorités et de nouvelles complexités.
Douze ans après leur formation et (à une exception près) toujours avec le même line-up, Thursday continuent leur chemin au milieu de la solitude, du chaos, de la guerre et de l'hécatombe d'un pas désespéré mais solide, seuls, comme isolés au sein de la scène qu'ils ont largement contribué à créer.

Recommandé si vous aimez:
Thrice, Glassjaw, Alexisonfire

Essayez aussi:
Hot Cross, United Nations, Kidcrash

www.myspace.com/thursday
(Epitaph Records, 2009)