jeudi 15 octobre 2009

Update

Bonjour à tous,

Une nouvelle update pour de nouveaux changements: j'ai décidé d'avoir les yeux plus gros que le ventre et de tenter de tenir un blog de chroniques quotidiennes. "Daily music reviews" sera, je l'espère et dans la mesure du possible, mis à jour tous les jours ou presque. Je n'écrirai dorénavant plus ici. Pour plus d'informations quant au nouveau blog, vous pouvez vous y rendre dès maintenant à l'adresse suivante:

www.dailymusicreviews.blogspot.com

Message de bienvenue/d'explication: http://dailymusicreviews.blogspot.com/2009/10/update.html

J'espère que vous continuerez à suivre mes chroniques malgré le changement de concept (et de langue). Merci à tous.

Romain

lundi 5 octobre 2009

Sherwood - QU


Sherwood est incontestablement un des groupes les plus sous-estimés de la scène indie-rock US. Assez peu connus du grand public, les critiques sont pourtant flatteuses quand à la qualité de leur discographie. Celle-ci se voit aujourd'hui élargie par l'arrivée de 'QU', leur troisième album.

'QU' est tout simplement la pièce manquante entre le premier et le deuxième album de Sherwood. Cette collection de douze nouveaux morceaux possède la délicatesse de 'Sing, but keep going' combinée avec l'entrain de 'A different light'. Si l'ensemble des titres sont résolument pop-rock et upbeat, ils ne possèdent pas la touche sophistiquée des dernières compositions du groupe mais au contraire retrouvent la simplicité des toutes premières. Le style est peut-être moins indie qu'à leurs débuts mais de nombreux éléments ne sont pas sans rappeler l'atmosphère de 'Sing, but keep going': la guitare acoustique a la part belle ('Hit the bottom', 'Worn'), les chœurs sont judicieusement placés ('Make it through', 'Free') et les touches instrumentales du claviériste et percussioniste Mike Leibovich sont toujours aussi délicates et savoureuses ('Not gonna love', 'Around you'). Tandis que les titres les plus upbeat comme 'What are you waiting for?' auraient facilement eu leur place sur 'A different light', d'autres tel 'Maybe this time' semblent tout droit sortis des sessions studio du premier album. C'est ce mélange efficace entre une pop enjouée aux rythmes presque dansants (le batteur Joe Greenetz fait des étincelles sur 'Not gonna love') et des ballades touchantes et aux accompagnements instrumentaux brillants (la superbe 'Ground beneath my feet') qui continue de faire tout le talent de Sherwood. N'oublions pas non plus le délicieux côté rétro de certaines de leurs compositions ('Free'), qui n'est pas sans rappeler que la plus grande influence du groupe est sans aucun doute The Beach Boys. Côté rétro que l'on retrouve sur la pochette plus qu'originale de l'album.

'QU' est de ce genre de «feel good» albums qui embrassera tout aussi bien vos moments de nostalgie que vos journées d'été. Ses chansons respirent la fraîcheur, de son intro a capella à sa douce ballade finale. Sherwood continuent de briller dans un paysage musical où toutes les étoiles semblent aujourd'hui se ressembler.

Recommandé si vous aimez:
Mae, Daphne Loves Derby, Relient K
Essayez aussi:
We Shot The Moon, Brighten, Socratic

www.myspace.com/sherwood
(MySpace Records, 2009)

dimanche 4 octobre 2009

Paramore - brand new eyes


Attendu comme le Messie, le troisième album de Paramore est enfin là pour rassasier la très large fanbase du groupe (d'autant plus grande depuis le succès de 'Twilight') et la plupart ne devraient pas être déçus.

Pourtant, il serait faux de dire que le groupe de Franklin, Tennessee, a choisi la facilité. En s'écartant un peu du virage plutôt pop entrepris avec leur album précédent, Paramore, autrefois quatuor et aujourd'hui quintet avec l'addition du second guitariste Taylor York, semble rebrousser chemin vers le son plus rock de leur premier opus. 'Careful', parfait en ouverture du disque, est juste excellent dans son style accrocheur mais sombre à la 'Emergency'. De même, 'Turn it off' et 'Feeling sorry' possèdent des atmosphères plus proches de celles présentes sur 'All we know is falling'. Ceci n'est pas pour autant un retour en arrière, le groupe s'étant amélioré sur tous les plans. Paramore tient tellement sur les épaules de sa charismatique chanteuse Hayley Williams qu'on en oublie trop souvent que les musiciens derrière elle sont bien loin d'être mauvais. Josh est parvenu à se forger une écriture bien à lui, assez reconnaissable bien qu'en rien innovante. La progression est d'autant plus importante que les membres du groupe restent encore aujourd'hui assez jeunes (moins de 21 ans d'âge moyen). Les mélodies sont plus subtiles, moins rentre-dedans, les accords sont soignés et la partie rythmique est dix fois au-dessus de ce qu'ils ont fait par le passé. Mais la progression la plus flagrante est pourtant celle d'Hayley. Son registre s'est fortement élargi et ses variations sont surprenantes. Claque vocale assurée sur 'Brick by boring brick', pour sûr un des meilleurs morceaux écrits par le groupe. Il était difficile de l'imaginer être encore davantage mise en avant mais c'est pourtant bien le cas, malgré la bonne surprise que constitue les interventions vocales plus poussées de Josh. Autre bon moment du disque, 'Looking up' est un titre 100% pop-punk et le riff de 'Feeling sorry' vous remémorera vos écoutes de The Starting Line.
'brand new eyes' (à typographier sans la majuscule, dixit Hayley) ne serait cependant pas un album de Paramore s'il n'avait pas ses deux ou trois gros défauts. Là où le groupe continue de fortement pêcher malgré, là aussi, une visible amélioration, c'est au niveau des lyrics. Aussi jolies que soit mademoiselle Williams et ses cordes vocales, son écriture reste ultra-classique. Parfois maladroites, quelques fois naïves, souvent sans surprises, ses paroles oscillent pourtant entre des thèmes assez différents sur cet album, notamment celui de la séparation du groupe qui a failli arriver en février 2008. Hayley dévoile sans concession et avec une franchise parfois déconcertante les reproches faits à ses collègues masculins ('Ignorance', 'Looking up'). Mais les titres à l'eau de rose sont trop souvent à la limite du cliché ('The only exception') et les autres vides de vrai message ('Where the lines overlap'). Musicalement, les ballades constituent les moins bons titres. 'The only exception' vous donnera l'impression de l'avoir déjà entendue une centaine de fois et 'All I wanted was you' s'engouffre dans une voie plus "generic rock" (qu'on avait déjà pu entrevoir sur 'Decode', ce qui peut laissait croire que c'est dû à la production de Rob Cavallo) qui semble aller chercher sur les terres d'Avril Lavigne. Les comparaisons qui pleuvaient quand le groupe ont commencé avaient beau être totalement erronées, sur le refrain de ce titre, la ressemblance est bien là. Mid-tempo, refrain à une ligne, la chanson est juste au-dessus de la moyenne de ce qui passe sur les radios rock américaines. La grosse différence est que Williams a un bon groupe derrière et qu'elle monte beaucoup plus haut que Lavigne. Reste à voir si elle sera capable de tenir les notes en live, vu que la miss s'est déjà cassé la voix au premier concert de la tournée. La laryngite n'aidant pas, évidemment.

'brand new eyes' est, à l'image de ses prédécesseurs, irrégulier et imparfait. Les titres les plus rapides sont des tubes, mais les passages plus calmes, trop génériques, peinent à émouvoir et certaines ballades sont à la limite de la b-side. Si Hayley Williams n'assurait pas le chant sur ces titres, il y a fort à parier qu'ils passeraient inaperçus. Mignons, mais loin d'être mémorables. Paramore nous a livré trois bons albums, il leur reste à nous un livrer un grand album. Le potentiel est pourtant là, sans aucun doute. La route est encore longue, mais comme le dit si bien leur incontournable chanteuse dans 'Looking up', «we're just getting started!».

Recommandé si vous aimez:
Jimmy Eat World, Anberlin, Taking Back Sunday
Essayez aussi:
Automatic Loveletter, BannerHill, Like A Movie

www.myspace.com/paramore
(Fueled By Ramen, 2009)

Update

Les vacances estivales terminées, je me remets peu à peu à faire des chroniques. Merci d'avoir été patients même si votre impatience faisait plaisir à voir.
Changement de ligne rédactionnelle, je vais essayer de faire des reviews plus courtes pour ainsi pouvoir en faire davantage, ce qui me donnera plus souvent l'occasion de chroniquer des disques peu médiatisés ou dont peu de gens ont déjà fait la critique. Si en plus de vous faire lire mon avis personnel je peux faire découvrir quelques groupes à certains d'entre vous (chose que j'essaye déjà de faire depuis le début avec les "Essayez aussi"), vous m'en verrez comblé.

Merci de votre lecture et à bientôt,
Romain.

mardi 2 juin 2009

Enter Shikari - Common dreads


Passez-vous la dernière chanson de 'Take to the skies', premier album d'Enter Shikari, puis lancez la première de celui-ci. Il commence exactement là où son prédécesseur s'est arrêté. Pourtant, les deux sont bien différents et les quatre Anglais de St. Albans ont énormément évolué. Ce n'est pas étonnant lorsque l'on sait que les chansons ayant fait le succès du groupe ont été écrites il y a déjà de ça plusieurs années. 'Sorry, you're not a winner', par exemple, leur tube par excellence, date à l'origine de 2003. Cela fait bien longtemps que le quatuor du Hertfordshire sillonne les routes sans discontinuer et il n'est pas né avec 'Take to the skies'. Preuve en est qu'Enter Shikari fut en 2006 le second groupe de toute l'histoire à remplir l'Astoria de Londres sans même être signés sur un label, avant même de sortir un album (est-il encore utile de signaler qu'il est indispensable de les voir en live?).

C'est donc avec impatience que leur large fanbase a attendu ce 'Common dreads' qui allait les fixer sur l'avenir de leur groupe fétiche. Et celui-ci risque d'être prometteur. Pourtant, Enter Shikari n'a pas choisi la facilité. 'Common dreads' vous surprendra, comme 'Take to the skies' avait surpris à sa sortie. Et peut-être même davantage. Avec leur second album, eux qui étaient déjà à l'écart de la scène alternative rock britannique, préférant jouer des sets en tant que DJ's dans des petits clubs et amener les groupes de leurs potes en tournée plutôt que de remplir des stades en ouvrant pour Lostprophets ou Funeral For A Friend, s'éloignent un peu plus encore des étiquettes et modes actuelles. Ces sessions de mix ont justement eu un énorme impact sur le travail du groupe. Si on connaissait leur fort penchant pour la trance, les éléments électro restaient jusqu'ici au second plan dans les compositions, donnant parfois du rythme, parfois une intro et sonnant parfois trop «Nintendo», ce qui n'est plus du tout le cas (à l'exception de quelques notes sur 'The hectic'). Ils sont aujourd'hui totalement intégrés au son de Shikari, construisant les mélodies par eux-mêmes, devenant la pièce maîtresse de l'ambitieux jeu du quatuor. Les interludes sont beaucoup plus consistants et intéressants, à la limite de la chanson à part entière. Le clavier prend des dimensions nouvelles et bien plus originales que par le passé, souvent joué tout seul, créant tantôt de véritables hymnes drum 'n' bass pour le dancefloor ('Zzzonked', 'The jester'), tantôt des breaks dubstep ('Havoc A', 'Havoc B') et même des beats dance pour les clubs ('Gap in the fence'). La fine équipe brouille toujours plus les pistes. On passe même par une intro jazzy à la flûte sur 'The jester' et des instrumentations de cuivres et de cordes sur 'Fanfare for the conscious man'. On retrouve cependant quelques éléments qui ont fait le succès de 'Take to the skies', avec des titres mêlant clavier entêtant, riffs à la limite du metal et courts gang vocals comme 'No sssweat'. Ils ont ici pour titre 'Step up' ou 'Antwerpen'. Mais le titre le plus fort est peut-être 'Solidarity', qui joue son rôle d'ouvreur à la perfection, son synthé psychédélique vite rejoint par une batterie lourde et de puissantes guitares faisant de lui une turie instantanée. Shikari laissent également et plus que jamais admirer leur talent pour la mélodie, le single 'Juggernauts' est lui aussi un tube et 'No sleep tonight', le titre le plus pop et léger du disque, rassemblera sans aucun doute les foules.
Mais que serait Enter Shikari sans les mémorables performances vocales de son frontman Roughton Reynolds? Bien qu'on se réjouit des interventions plus fréquentes du guitariste Liam Clewlow (dit Rory) et surtout du bassiste Chris Batten, la voix de Rou porte littéralement la formation. Il oscille avec toujours autant de facilité entre de multiples types de chants, atteint désormais avec une justesse parfaite des notes assez hautes, mais ne crie plus au sens «screamo» du terme, préférant scander ou hurler ses lignes les plus incontournables. A l'inverse, il a ajouté une nouvelle corde (vocale) à son arc, le spoken word en l'occurrence. Vous ne pourrez pas ne pas penser à The Streets en écoutant son délicieux accent anglais sur les passages parlés. Ces derniers donnent plus de texture à ses textes qui méritent bien cette mise en avant. En effet et peut-être à la surprise de beaucoup, 'Common dreads' est un album politisé de bout en bout. Enter Shikari a pourtant toujours été un groupe engagé, que ce soit dans ses lyrics (un des morceaux du premier album traitait par exemple du commerce équitable) ou dans sa fidélité à l'éthique Do It Yourself. C'est aujourd'hui une évidence à la lecture des paroles des chansons qui composent ce disque. A l'instar des Gallows et leur 'Grey Britain', Rou et sa bande produisent avec 'Common dreads' une virulente déclaration à leur pays et aux grands de ce monde, utilisant même à leur tour la métaphore du serpent sur 'Havoc A': «The lions are at the door, we ain't takin' orders from snakes no more». Les rats de Frank Carter sont ici des lions, l'écriture de Rou étant beaucoup plus optimiste et tournée vers l'avenir. Dans cette période d'idolâtrie pour le changement, le groupe démontre toute sa conscience humaine et politique et appelle au réveil des idées et des mobilisations populaires. Les attaques à la société de consommation («Constantly relying on consuming to feel content / But only because we lost such with this home that we’ve spent / Trillions of dollars training for our wants and not our needs / And now we’re growing tired of planting bleary-eyed seeds») et les espoirs de rassemblement peuvent paraître naïfs mais sont judicieusement envoyés. Le disque embrasse des valeurs de communauté, d'engagement et d'action. Enter Shikari ne propose rien de nouveau mais le message est plein d'intérêt, de conviction et d'esprit.

Les quatre Anglais ont trouvé leur son avec 'Common dreads'. Un son plus mature et défini. Leur mélange des genres et leur maîtrise des compositions sont déconcertants. Écoutez le début des chansons, puis écoutez en suivant leur fin et l'habileté avec laquelle ils se baladent musicalement vous sautera aux oreilles. Il n'y a guère d'équivalent à ce que fait le quatuor à ce jour, les comparaisons avec tous les groupes MySpace screamo/electro/vomito (Attack Attack! et consorts) ou Nintendocore (HORSE The Band en tête) s'avérant complétement faussées. Pour rester 100% British dans les comparaisons, disons qu'Enter Shikari désormais, c'est une rave party dans une cave avec The Prodigy, The Streets et Gallows. Ils créent de véritables chansons à l'intérieur même des morceaux et le tout sans se répéter de l'un à l'autre. Les défauts sont peu nombreux, même les titres calmes qui étaient le gros point négatif de 'Take to the skies' sont ici mûrs et subtils. 'Wall' démarre comme une ballade sombre et juste quand vous commencez à penser que le titre va devenir ennuyeux, un superbe refrain enjoué vient redonner de la vie et transformer la chanson.
Il n'y a ainsi pas de grands reproches à faire sur cet album, même s'il décevra sans doute les plus amoureux du mosh pit. Les concerts seront moins violents au son de ces nouveaux titres, plus calibrés pour être écoutés au volume maximum dans votre voiture. Il est malgré tout évident que le groupe conserve cette aptitude à rassembler les foules, la phrase d'introduction de Rou sur le premier titre résumant bien cette idée: «Here tonight, I clock a thousand heads / Here to unite, through common dreads». La hype terminée, Enter Shikari s'est débarrassé du mauvais pour ne garder que le meilleur. Les scene kids s'éloigneront, mais une génération entière pourra se reconnaître dans cet album, comme une génération entière pourra vibrer au son de ces titres en live.

Recommandé si vous aimez:
The Prodigy, Pendulum, Chiodos
Essayez aussi:
The Qemists, Exit Avenue, Rout

www.myspace.com/entershikari
(Ambush Reality, 2009)

vendredi 29 mai 2009

Taking Back Sunday - New again


Tout le monde connaît Taking Back Sunday. Un premier album classé parmi les classiques du genre, un deuxième qui les place dans les hauts rangs de la scène et un troisième sous forme de succès commercial, le groupe de Long Island ne nécessite aucune présentation. Comme son nom l'indique, leur quatrième album marque un nouveau départ pour le groupe. C'est un nouveau Taking Back Sunday à qui nous aurons désormais affaire.

Le départ à l'automne 2007 de Fred Mascherino a fait grand bruit et reste un tournant majeur dans l'histoire du groupe, lui qui n'avait pourtant rejoint l'aventure qu'à l'occasion de leurs débuts en major en 2003. La chanson 'Capital M-E' lui est consacrée et le moins que l'on puisse dire, c'est que les deux parties ne se sont pas quittés en bons termes, comme on avait déjà pu le constater dans les interviews données par les principaux concernés. «The nicest man I ever met was more malicious than malcontent / Yeah he taught me how to hold my tongue / And wait to strike 'til their backs were turned / And you slither away like the snake that you are». Véritable règlement de comptes, la chanson est un peu à l'image de ce nouvel album: une composition sympathique, quelques arpèges intéressants (tellement calibrés radio qu'ils rappellent Coldplay sur ce titre) donnant un semblant de consistance à un refrain simple et une performance vocale bonne mais sans surprise d'Adam Lazzara.
La première erreur du disque se trouve dans son tracklisting. Les deux titres les plus catchy ont été placés au début et les deux autres les plus créatifs relayés en toute fin, ce qui fait que l'on ressent un certain passage à vide autour de la moitié de l'album. On retrouve le son plus conventionnel et easy-listening de 'Louder now' sur des titres comme 'New again' et 'Lonely, lonely'. Les riffs sont puissants, la batterie rapide, c'est dans la totale continuité de l'album précédent. 'Carpathia' est certainement le titre le plus heavy du titre, les excellentes mais bien trop rares interventions vocales du bassiste Matt Rubano et du nouvel arrivant Matthew Fazzi donnant ici un nouveau souffle aux couplets et servant encore davantage le chant de Lazzara. On trouve également sur ce titre ce qui semble être le premier (mini) solo de basse de l'histoire de Taking Back Sunday! Le meilleur moment du disque se situe à sa toute fin, 'Everything must go' expérimentant un peu plus de sonorités, avec une excellente intro en deux temps, un refrain ambitieux et un rythme progressif se concluant sur un épique sursaut de riffs.
Le reste est très «radio-friendly», de la ballade typique à la U2 'Where my mouth is' au facile single 'Sink into me' faussement énergique ramenant Taking Back Sunday au niveau de ses vulgaires outsiders malgré les changements de rythme amenés par les sursauts de folie de Lazzara. L'ensemble reste instrumentalement bon mais assez répétitif et peu mémorable. 'New again' manque dans sa globalité d'intensité et de créativité. On ne peut pas dire qu'Adam n'ait pas essayé, faisant beaucoup d'efforts pour insuffler de l'énergie par son chant toujours aussi divertissant et particulier mais un peu plus faible que par le passé. Il semble avoir mis beaucoup dans cet album, notamment au niveau des paroles, où il s'étend sur de nombreux sujets personnels, de Mascherino ('Summer man') à son divorce avec Chauntelle DuPree d'Eisley ('Everything must go') ou encore ses addictions passées ('Where my mouth is'). Sur cette même chanson on peut également pour la première fois l'entendre s'exprimer sur la «mort» du Taking Back Sunday des débuts (John Nolan et Shaun Cooper ayant quitté le groupe en 2003 pour former Straylight Run, Eddie Reyes est aujourd'hui le seul membre originel restant) et son implication dans cette séparation: «And now I'm staring at the floor / Where my second life just ended / Where I lost not one, but two friends [...] See, I had it all / But I threw it away / Just to prove that I could».

C'est un passage intéressant par le fait que pour beaucoup, Taking Back Sunday s'est autodétruit après le départ de Nolan et Cooper et ne sortira jamais un album à la hauteur de 'Tell all your friends'. Et pourtant, le groupe avait annoncé un retour à ce son-là peu avant la sortie de 'New again'. Une déclaration qui ne méritait certainement pas d'être faite, tant le Taking Back Sunday d'aujourd'hui tranche avec celui du premier album. Le son «brut» des deux premiers disques est définitivement enterré, remplacé par un polissage intensif du chant et des instruments qui enlèvent toute la saveur d'un groupe ayant le potentiel de celui-ci. Sur 'Louder now', ça fonctionnait, mais ici la dynamique du double chant manque terriblement, elle qui était un peu la marque de fabrique du groupe. Fazzi n'est pas un Mascherino II, laissant à Lazzara le monopole du chant, nous faisant regretter les savoureux changements de rythmes orchestrés par les incessants relais entre sa voix et celle de Fred.
'New again' paraît ainsi bien fade face à ses prédécesseurs. Ce n'est peut-être pas un mauvais album, mais c'est de loin le plus faible de Taking Back Sunday qui nous livrent par la même occasion la moins bonne chanson qu'ils aient jamais écrite, en la personne de 'Cut me up Jenny'. C'est certainement le moment pour une génération de fans de passer la main à une autre.

Recommandé si vous aimez:
The All-American Rejects, Armor For Sleep, My Chemical Romance

Essayez aussi:
The Color Fred, Northstar, Smudge

www.myspace.com/takingbacksunday
(Warner Bros. Records, 2009)

mardi 26 mai 2009

The Dangerous Summer - Reach for the sun


Un groupe tirant leur nom d'un roman d'Hemingway peut-il réellement être mauvais? Ce n'est en tous cas pas le cas pour The Dangerous Summer. Le quatuor du Maryland nous avait offert un des EP's les plus prometteurs de 2007 avec 'If you could only keep me alive' et sortent aujourd'hui leur premier album.

Produit par Paul Levitt qui a, entre beaucoup d'autres, travaillé avec Dashboard Confessional et All Time Low, 'Reach for the sun' est plus proche de la simplicité touchante des premiers que des tubes pop-punk des seconds. L'album est catchy mais pas sur-fait, sur-produit ou trop sucré. Les enchaînements entre les chansons sont fluides et les refrains ne coupent pas brutalement avec le reste des compositions, ne limitant pas l'intérêt des titres à quelques secondes de mélodie. Les chansons sont de qualité et ont été soignées dans leur ensemble, ne vivant pas qu'à travers leur refrain. The Dangerous Summer naviguent entre énergie pop-punk ('Surfaced'), compositions pop-rock ('Weathered') et mélodies alternative rock ('Where you want to be'), à la manière de leur influence Third Eye Blind. Les harmonies sont douces mais poignantes, à l'image de la magnifique 'This is war' qui figurera parmi les meilleures chansons de l'année. Les parties de guitares se ressemblent souvent mais ne rendent pas le disque redondant, au contraire elles lui donnent une forte homogénéité et régularité. On trouve un certain aspect «atmosphérique» dans les riffs et une meilleure dynamique dans le rythme de la batterie. Là où l'EP faillait, l'album réussit.
Le domaine où le groupe excelle est cependant celui du chant et des paroles. La performance vocale d'A.J. Perdomo est pleine de sincérité et d'émotion, sans pour autant s'approcher du gémissement agaçant. Il a une façon particulière d'attaquer certaines phrases qui fonctionne à tous les coups et il parvient à transmettre une énergie positive, relayée par l'optimisme de ses paroles relatant nombre des temps difficiles de sa vie: «I really think for once that I can change / It’s really not that bad / I’m learning now that I was wrong in everything / And that’s the reason why I think that I can grow». Le titre 'Permanent rain', déjà présent sur l'EP, se différenciait beaucoup des autres titres et a davantage sa place ici. On peut presque palper la sincérité du jeune songwriter (il n'a que 20 ans) quand il chante «I wish it was me in the car that day», la chanson traitant de la perte d'un de ses amis. Le chanteur base entièrement son songwriting sur son expérience et son passé, lui donnant une force émotionnelle énorme. Les paroles ne sont pas forcément profondes ou exceptionnelles, mais leur sincérité et la douce nostalgie dégagée par certains titres ('Reach for the sun') touchera chaque auditeur. Simple mais passionné. Le disque se termine brusquement sur un cri du cœur de Perdomo: «But it's worth it / To never feel alone», à la manière du personnage d'Emile Hirsch dans le film 'Into the wild'.

The Dangerous Summer nous offre un album solide et de qualité. Il n'est pas décousu avec un tube par-ci par-là, mais constant et consistant. Les chansons se ressemblent au premier abord et le disque nécessite ainsi plusieurs écoutes pour grandir en vous, mais elles en valent bien la peine une fois que vous y tendrez bien l'oreille.
Vrai et frais, débordant d'honnêteté, 'Reach for the sun' n'est pas «fun», il est bon et beau. Idéal pour l'été, vous ne le passerez cependant pas autour d'un barbecue avec vos copines au bronzage impeccable, mais plutôt dans votre voiture face au soleil couchant, à l'image de sa magnifique pochette. Dans un genre asphyxié par les groupes ne pensant qu'à faire la fête, un album facile à écouter tout en étant intelligent ne fera pas de mal aux ondes FM.

Recommandé si vous aimez:
The Starting Line, Valencia, Over It

Essayez aussi:
Dropout Year, Driving East, Parade The Day

www.myspace.com/dangeroussummer
(Hopeless Records, 2009)