samedi 31 janvier 2009

A Day To Remember - Homesick


Un des grands et interminables débats de la scène musicale est celui de l'évolution du style des artistes. Il constitue souvent un vrai dilemme pour les groupes: suivre ses inspirations et modifier son art au risque de décevoir une partie de sa fanbase ou garder la même formule et être accusés de ne pas se renouveler?
A Day To Remember semblent avoir choisi la seconde proposition. Avec leurs deux premiers albums, le groupe d'Ocala, en Floride, a imposé son style comme un périlleux mélange de mélodies pop-punk et de passages métal. Original dans la forme, mais pas particulièrement innovant dans le fond. Certes, le deuxième album était plus poppy que son prédecesseur et celui-ci est dans la même continuité, mais la construction des chansons en général reste la même depuis le premier opus.
On peut cependant affirmer sans trop de doutes que ce 'Homesick' marquera un tournant dans la carrière du groupe. Le nombre de fans déçus par un disque moins heavy ne sera rien face à celui qu'A Day To Remember risque de conquérir. Car si la formule reste identique, elle fonctionne désormais bien mieux. Et la production assurée par Chad Gilbert (New Found Glory) y est pour beaucoup. Ce nouvel album a plus de rythme que les précédents et est surtout beaucoup plus catchy. C'était assez gênant pour le groupe d'avoir comme chanson la plus connue leur reprise de 'Since U been gone' de Kelly Clarkson.

Le titre qui ouvre l'album annonce la couleur avec une intro consitutée de «Tadadadada» en gang vocals, d'un «Let's go» aboyé et d'un riff des plus heavy reprenant la même mélodie. Le reste est exactement dans la même veine. Des refrains qui n'ont rien à envier aux titres les plus catchy de groupes pop-punk comme New Found Glory, des mosh parts et des rugissements à la The Devil Wears Prada (dont le frontman participe d'ailleurs à un titre), des breakdowns et des gang vocals à la Four Year Strong, vous répétez le tout et vous obtenez un bon résumé de 'Homesick'.
Certains titres consitutent cependant de bonnes surprises et plusieurs passages de l'album vous resteront en tête après quelques écoutes. 'I'm made of wax, Larry, what are you made of?' et ses choeurs féminins en fond, 'Have faith in me' et son rythme plus léger, la fin criée et non rugie de 'You already know what you are', plus rapide que les habituelles mosh parts lourdes et interminables, sont des preuves que le groupe peut être sacrément efficace quand il apporte des variations, aussi légères soient-elles, à la construction habituelle de ses chansons.
Car le réel problème d'A Day To Remember, c'est bien la répétition continuelle des mêmes habitudes vocales et instrumentales. Les constructions des chansons se ressemblent énormément, nombre d'entre elles se terminent exactement par le même son de cymbale et larsen de guitare, on est très peu souvent surpris, les mosh parts sont toutes aussi prévisibles et parfois totalement inutiles, les gang vocals répètent inlassablement les mêmes lignes entendues des centaines de fois («This is the life we chose / This is the life I lead / They can never take this from me») ou ne sont souvent que l'écho de la voix claire, répétant de façon ridicule les derniers mots prononcés par le chanteur Jeremy McKinnon.
L'intérêt porte essentiellement sur lui, tellement les parties instrumentales se ressemblent. Si les parties en voix claire sont nettement moins niaises qu'un groupe comme Silverstein, l'utilisation de sa voix gutturale est parfois très cliché, quand il rugit des «This is a battleground» ou «Disrespect your surroundings». On imagine déjà les kids en débardeur, hurlant ces mots les bras grands ouverts, prêts à se jeter dans le pit pour le breakdown suivant. Autre passage inévitable, la ballade acoustique en toute fin d'album. On se dit que tout est perdu quand on constante que tous les éléments sont là: le chant nasillard, les «Lalala» et la voix féminine en guest (Sierra Kusterbeck de VersaEmerge). Mais l'arrivée de la batterie et des gang vocals sauvent la chanson.

Si l'album fonctionnera certainement plus que ses prédécesseurs, c'est certainement grâce au travail vocal et à l'effort apporté sur les parties chantées, qui le rendent infiniment plus catchy. Chad Gilbert ne peut pas pour autant sauver un groupe qui s'entête à enregistrer les mêmes chansons encore et encore. Un autre gros point faible est le niveau des paroles qui restent souvent trop niaises («I said I'd never let you go and I never did / I said I'd never let you fall and I always meant it»). Cet album s'inscrit totalement dans la lignée de tout ce qui marche depuis quelques temps au sein de la scène et c'est loin d'être un pari créatif que prennent A Day To Remember et Victory Records avec 'Homesick'. Il reste tout de même une bonne surprise étant donné que je n'attendais rien du tout de ce groupe, mais si cet album peut être un «pleasure», il n'en restera pas moins «guilty».

Recommandé si vous aimez:
Four Year Strong, A Skylit Drive, The Devil Wears Prada

Essayez aussi:
Run Into The Shadows, Burden Of A Day, Four Letter Lie

www.myspace.com/adaytoremember
(Victory Records, 2009)

vendredi 30 janvier 2009

Agent - Awake in their world (7")


Après une démo ayant fait tourner bien des têtes au sein de la scène melodic hardcore de Long Island et un EP 'I wouldn't trade that for anything' sorti en 2006 sur Iron Pier (Capital, Thieves And Assassins), Agent revient enfin avec un nouveau 7", 'Awake in their world'.
Enregistrés, comme l’EP, avec Phil Douglas (ex-Latterman), les cinq new-yorkais nous servent quatre titres dans la lignée de leurs précédentes compos, un punk-rock efficace et intelligent.
Mais le quintet ne sonne pas comme un énième plagiat de Lifetime. La comparaison est certes évidente sur un titre comme ‘Current’, mais en écoutant attentivement on se rend compte qu’Agent a quelque chose de différent. Sur ‘Tough lake, Mr. Muenster’, le chant de Keith nous rappelle le bon temps du punk-rock d’Hot Water Music tandis que certaines parties de guitare tendent vers l’emo plus indie de Braid. Imaginez Fairweather en un peu plus débraillé. L’intérêt porte aussi sur les paroles dépeignant de façon introspective le passage à l’âge adulte et ce qu'il implique.
Un 7" digne de l’écoute des amateurs du genre, preuve en est leur signature sur Run For Cover Records, label ayant compté parmi ses rangs Crime In Stereo, This Is Hell, Death Is Not Glamorous ou encore This Time Next Year.
Vous pouvez écouter le 7" ici.

Recommandé si vous aimez:
Fairweather, Lifetime, Latterman

Essayez aussi:
The Backup Plan, Heads Vs Breakers, Take My Chances

www.myspace.com/agentli

(Run For Cover Records, 2009)