dimanche 4 octobre 2009

Paramore - brand new eyes


Attendu comme le Messie, le troisième album de Paramore est enfin là pour rassasier la très large fanbase du groupe (d'autant plus grande depuis le succès de 'Twilight') et la plupart ne devraient pas être déçus.

Pourtant, il serait faux de dire que le groupe de Franklin, Tennessee, a choisi la facilité. En s'écartant un peu du virage plutôt pop entrepris avec leur album précédent, Paramore, autrefois quatuor et aujourd'hui quintet avec l'addition du second guitariste Taylor York, semble rebrousser chemin vers le son plus rock de leur premier opus. 'Careful', parfait en ouverture du disque, est juste excellent dans son style accrocheur mais sombre à la 'Emergency'. De même, 'Turn it off' et 'Feeling sorry' possèdent des atmosphères plus proches de celles présentes sur 'All we know is falling'. Ceci n'est pas pour autant un retour en arrière, le groupe s'étant amélioré sur tous les plans. Paramore tient tellement sur les épaules de sa charismatique chanteuse Hayley Williams qu'on en oublie trop souvent que les musiciens derrière elle sont bien loin d'être mauvais. Josh est parvenu à se forger une écriture bien à lui, assez reconnaissable bien qu'en rien innovante. La progression est d'autant plus importante que les membres du groupe restent encore aujourd'hui assez jeunes (moins de 21 ans d'âge moyen). Les mélodies sont plus subtiles, moins rentre-dedans, les accords sont soignés et la partie rythmique est dix fois au-dessus de ce qu'ils ont fait par le passé. Mais la progression la plus flagrante est pourtant celle d'Hayley. Son registre s'est fortement élargi et ses variations sont surprenantes. Claque vocale assurée sur 'Brick by boring brick', pour sûr un des meilleurs morceaux écrits par le groupe. Il était difficile de l'imaginer être encore davantage mise en avant mais c'est pourtant bien le cas, malgré la bonne surprise que constitue les interventions vocales plus poussées de Josh. Autre bon moment du disque, 'Looking up' est un titre 100% pop-punk et le riff de 'Feeling sorry' vous remémorera vos écoutes de The Starting Line.
'brand new eyes' (à typographier sans la majuscule, dixit Hayley) ne serait cependant pas un album de Paramore s'il n'avait pas ses deux ou trois gros défauts. Là où le groupe continue de fortement pêcher malgré, là aussi, une visible amélioration, c'est au niveau des lyrics. Aussi jolies que soit mademoiselle Williams et ses cordes vocales, son écriture reste ultra-classique. Parfois maladroites, quelques fois naïves, souvent sans surprises, ses paroles oscillent pourtant entre des thèmes assez différents sur cet album, notamment celui de la séparation du groupe qui a failli arriver en février 2008. Hayley dévoile sans concession et avec une franchise parfois déconcertante les reproches faits à ses collègues masculins ('Ignorance', 'Looking up'). Mais les titres à l'eau de rose sont trop souvent à la limite du cliché ('The only exception') et les autres vides de vrai message ('Where the lines overlap'). Musicalement, les ballades constituent les moins bons titres. 'The only exception' vous donnera l'impression de l'avoir déjà entendue une centaine de fois et 'All I wanted was you' s'engouffre dans une voie plus "generic rock" (qu'on avait déjà pu entrevoir sur 'Decode', ce qui peut laissait croire que c'est dû à la production de Rob Cavallo) qui semble aller chercher sur les terres d'Avril Lavigne. Les comparaisons qui pleuvaient quand le groupe ont commencé avaient beau être totalement erronées, sur le refrain de ce titre, la ressemblance est bien là. Mid-tempo, refrain à une ligne, la chanson est juste au-dessus de la moyenne de ce qui passe sur les radios rock américaines. La grosse différence est que Williams a un bon groupe derrière et qu'elle monte beaucoup plus haut que Lavigne. Reste à voir si elle sera capable de tenir les notes en live, vu que la miss s'est déjà cassé la voix au premier concert de la tournée. La laryngite n'aidant pas, évidemment.

'brand new eyes' est, à l'image de ses prédécesseurs, irrégulier et imparfait. Les titres les plus rapides sont des tubes, mais les passages plus calmes, trop génériques, peinent à émouvoir et certaines ballades sont à la limite de la b-side. Si Hayley Williams n'assurait pas le chant sur ces titres, il y a fort à parier qu'ils passeraient inaperçus. Mignons, mais loin d'être mémorables. Paramore nous a livré trois bons albums, il leur reste à nous un livrer un grand album. Le potentiel est pourtant là, sans aucun doute. La route est encore longue, mais comme le dit si bien leur incontournable chanteuse dans 'Looking up', «we're just getting started!».

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www.myspace.com/paramore
(Fueled By Ramen, 2009)

1 commentaire:

  1. C'est une bonne critique.

    Cependant, concernant les paroles, même si il est vrai qu'elles sont un peu maladroites, le livret manuscrit de Hayley aide à comprendre ce qu'elle à voulut dire. La manière n'est pas encore là mais je pense que le fond oui. C'est quelque chose qui avec l'âge devrait s'améliorer.

    Pour moi, le seul vrai point noir de l'album est 'The Only Exception'. Chanson clichée comme tu l'a dis.

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